Qu'est-ce qui fait qu'un "polar de gare" devient supportable, que sa lecture soit même relativement divertissante ? Le fait de le lire dans un train, justement, traversant à toute allure la France avec son chargement de voyageurs ensommeillés ? Oui, sans doute... Plus sérieusement, le savoir-faire de son auteur en matière de recyclage efficace de tous les stéréotypes possibles, tout en appliquant soigneusement les méthodes standardisées du "best seller" à l'américaine ? C'est probable... Le hasard d'une résonance cruelle avec l'actualité douloureuse de ce mois de novembre parisien ? Le fait est que l'introduction "efficace" de "la Patience du Diable", avec son mitraillage des passagers d'un TGV a fait ressurgir en moi la douleur des souvenirs du Bataclan, et a conféré aux délires commerciaux de l'ami Chattam une certaine pertinence. Sinon, on est ici exactement comme dans une Enquête de Ric Hochet (si, si !), accablé par des éléments surnaturels dans une intrigue policière, éléments qui seront évidemment désamorcés par une révélation finale ultra-rationnelle, et cette fois... largement prévisible ! "La Patience du Diable" a de vrais bons côtés, comme une écriture qui semble cette fois moins bâclée qu'à l'habitude chez Chattam, comme une indéniable capacité à faire monter la tension, comme aussi - malheureusement - une certaine lucidité quant au commentaire social (la souffrance de la société engluée dans la crise). Pour le reste, on reste quand même au niveau habituel du genre - plutôt rase-moquette - en particulier quant Chattam régurgite ses habituelles considérations sur la contamination de la violence, sur les gardiens de l'ordre que sont les flics sacrifiant leur santé mentale dans leur traque des serial killers, etc. etc. Et, malgré la piste narrative intéressante que représente la prise en otage du bus scolaire survenant dans la toute dernière ligne droite du livre, la fin ultra-conventionnelle et le happy end des dernières pages gâchent largement le plaisir qu'on aura pu prendre auparavant. [Critique écrite en 2015]

EricDebarnot
5
Écrit par

Créée

le 1 déc. 2015

Critique lue 883 fois

2 j'aime

Eric BBYoda

Écrit par

Critique lue 883 fois

2

D'autres avis sur La Patience du diable

La Patience du diable
pijiu
9

Un des meilleurs..

Je suis fan, ce n'est un secret pour personne. Mon préféré jusque là était (est toujours !) Les Arcanes du Chaos. Et puis il y a eu la Conjuration Primitive que j'ai adoré. J'ai attendu patiemment la...

le 3 juin 2014

7 j'aime

2

La Patience du diable
plume_de_crime
5

La patience du diable ou la déception du maître.

Depuis des années, mes amis et collègues ne m'entendent parler que de Maxime Chattam. Depuis La Théorie Gaïa en 2007, je ne rate aucune sortie et ai même attendu 3h pour un autographe. J'ai dévoré La...

le 23 janv. 2015

3 j'aime

La Patience du diable
HenriMesquidaJr
6

Critique de La Patience du diable par HENRI MESQUIDA

Ludivine, officier à la section de recherches de la gendarmerie, trés éprouvée par sa dernière mission ( la conjuration primitive) découvre un traffic de peaux humaines. Pendant ce temps, deux ados...

le 24 août 2017

2 j'aime

Du même critique

Les Misérables
EricDebarnot
7

Lâcheté et mensonges

Ce commentaire n'a pas pour ambition de juger des qualités cinématographiques du film de Ladj Ly, qui sont loin d'être négligeables : même si l'on peut tiquer devant un certain goût pour le...

le 29 nov. 2019

205 j'aime

152

1917
EricDebarnot
5

Le travelling de Kapo (slight return), et autres considérations...

Il y a longtemps que les questions morales liées à la pratique de l'Art Cinématographique, chères à Bazin ou à Rivette, ont été passées par pertes et profits par l'industrie du divertissement qui...

le 15 janv. 2020

191 j'aime

115

Je veux juste en finir
EricDebarnot
9

Scènes de la Vie Familiale

Cette chronique est basée sur ma propre interprétation du film de Charlie Kaufman, il est recommandé de ne pas la lire avant d'avoir vu le film, pour laisser à votre imagination et votre logique la...

le 15 sept. 2020

190 j'aime

25