La Patrouille de l'Aube par leleul
À l'instar de Mort et vie de Bobby Z, je ne peux pas affirmer avoir été bouleversé par La patrouille de l'aube. Tout au plus puis-je reconnaître m'être bien diverti. Voici le genre de bouquin que l'on ne peut pas détester, le genre de livre auquel le qualificatif cool colle à la couverture comme le morpion à...
Bref, Don Winslow montre une nouvelle fois ici son talent et son efficacité pour dérouler une histoire sans prise de tête, dotée de personnages attachants, forcément placés du bon côté de la barrière. J'arrête là, sinon on va finir par croire que j'ai détesté...
Quid de l'histoire ?
Une bande de potes qui se retrouvent tous les matins pour taquiner la vague. Quatre garçons, une fille. Un rendez-vous quotidien prenant pour ainsi dire la tournure d'une philosophie de vie. Le surf comme moyen de se ressourcer, d'oublier les tracas professionnels ou les actes manqués. Nous sommes en terrain connu.
Une houle démente, génératrice de vagues dévastatrices s'annonce. Du pain béni pour la patrouille. De quoi se procurer des sensations incomparables et peut-être même de quoi émerger au-dessus du commun des mortels.
Mais voilà, Boone Daniels et sa bande sentent grossir sous eux une autre vague. Une vague qui ne doit rien à l'océan et qui menace d'emporter et de disloquer leur groupe. Obsédés par leur passion, ils ne la voient pas. Leur boulot, leur famille, leurs petites compromissions, leurs secrets... Les routines quotidiennes.
Le réel les rattrape sous la forme d'une sale histoire. La défenestration d'une strip-teaseuse et la découverte d'un réseau de prostitution enfantine. Et bien d'autres vilenies. De quoi leur rappeler que la seule constante, c'est le changement. Mais comment le chevaucher sans finir drossé sur les récifs ?
L'intrigue n'évoluant pas à des hauteurs stratosphériques, l'intérêt de La patrouille de l'aube se trouve plutôt du côté du rythme et des dialogues. Sur ce point, on n'est pas déçu, Winslow a du métier. Il maîtrise les recettes du thriller et les stéréotypes inhérents au genre. Alors on frémit, on sourit, on s'attache aux personnages, mais on n'attend pas autre chose. De toute façon, on sait que tout rentrera dans l'ordre et, qu'après bien des turbulences, la vague ramènera tout notre petit monde bien au sec sur la terre ferme.
Par contre, il ne faut pas se faire d'illusion, même si Winslow tente de restituer de manière convaincante l'esprit, le vocabulaire et l'histoire du surf, on a plus le sentiment de lire le compte-rendu d'un type s'étant bien documenté sur le sujet. On reste très loin de la puissance d'évocation de Kem Nunn et La patrouille de l'aube tient davantage d'un Surf City ou d' un Sabot du diable allégé.
Au final, j'attends toujours de découvrir une autre facette de Don Winslow. Quelque chose de moins prévisible et de plus consistant.