Les ritals se montrent pour mourir
Malaparte sait mieux que quiconque ce qu'est l'Histoire, et ce qui importe quand on la dit : donner son interprétation. Puisque notre patrie est notre peau, et que nous ne pouvons percevoir plus loin que nous même, essayons de n’y point échapper. "L'écriture est une subjectivité. Toute subjectivité est un crime, il faut s’impliquer jusqu’au malaise", nous dit l’ami Nabe. Plutôt qu’un imbécile extrait en 4e de couv’, comme Folio le fait si mal, faisant ici passer Malaparte pour un odieux pédophile racoleur et cynique, il eut mieux valu y imprimer cette petite maxime de Marc-Edouard. Et d'y rajouter, toujours du même féru du ragazze Curzio : "Le premier jeu que l'écrivain doit inscrire sur sa plume, c'est l'extermination des 7 milliards d'êtres humains que nous serons bientôt."
Malaparte s’implique, réécrit, symbolise, dilate afin de comprendre ce qui se présente à lui, pour rendre une plus juste et plus forte impression, la sienne, sublime, comme le texte. L’histoire de la main dans le kouskous, fabuleuse allégorie du roman, de ce qu’il doit être.
De la même manière que Bukowski a volé dans les airs pour échapper à la police, Céline traversé l’Atlantique en galère, et Jésus multiplié les pains, Malaparte a vu le vent noir. Si c’est écrit avec tant de talent, alors ça ne peut être que vrai. Plus vrai que Fernand Nathan, en tout cas…
On pense inévitablement à eux, mais aussi à Poe - ou à ce qu’en disait Baudelaire -, à Homère : tout ce que Malaparte dit est vrai. Si tant est que la vérité n’aille pas plus loin que le pas de notre cervelle et de notre peau.