Dans le sens du poil.
Livre qui sort légèrement de la littérature française habituelle (ce n'est pas une critique de la littérature française) : comme cette bonne vieille littérature de l'hexagone, La peau de l'ours...
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le 5 sept. 2014
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Conte étrange et horrifiant.
Hybride, monstre, erreur de la nature… On ne sait comment décrire le personnage principal, plus ours qu'humain par certains aspects, mais tellement plus humain que les humains eux-mêmes sur d'autres points.
Animal sans âge, sans attaches, qui semble traverser le monde et les siècles.
Alors qu'au début du roman, l'histoire paraît se passer dans une époque évoquant le Moyen-Âge, la fin renvoie sans conteste au monde d'aujourd'hui. Combien de temps s'est-il écoulé ? Combien de décennies, de centaines d'années, l'ours a-t-il vécu ? Est-il seulement juste de l'appeler « ours » ?
Car oui, cet hybride n'a pas de nom. On le désigne tout d'abord comme un enfant-ours, un monstre ignoble que personne n'ose regarder. Puis, il devient « l'ours ». Qui donnerait un prénom à un ours ? Ce serait lui donner une part d'humanité, mais cela, les hommes ne le veulent pas. Ce qu'ils veulent, c'est dompter l'ours, en tirer profit, amasser de l'argent.
Ainsi l'ours passe de propriétaire en propriétaire, il est vendu, puis revendu. Il nous conte son histoire avec ses mots, nous faisant frissonner par tant d'horreur faites aux animaux. Il nous délivre une vision si juste de la cruauté dont est capable l'humain, de la souffrance de ces petits singes qui se dévorent la queue et se jettent contre les barreaux de leur cage pour y trouver la mort, pour se sauver de cette vie à laquelle on les a condamnés. Cet humain qui, pour son plaisir sadique, donnera de la nourriture truffée de lames de rasoir aux tigres. Qui, pour son amusement, enfermera tous ces animaux dans un paysage de béton, leur offrant une mort lente et douloureuse sous les regards et les cris des spectateurs insensibles à leur détresse.
Lorsque l'on referme La peau de l'ours, c'est une tristesse sans nom qui nous envahit. Ce sentiment d'injustice qui nous dévore. Le regard embué quand nous pensons au funeste destin de cet ours et de tous ses camarades animaux. De tous les animaux de cette Terre que l'homme a condamné, et continue de condamner, par égoïsme.
Joy Sorman dénonce, à travers la voix de ce demi-ours, un monde que l'on préférerait ignorer. Comme tout conte, celui-ci cache une morale. Celle-ci n'est autre que la cruauté humaine face à des animaux sans défense.
Créée
le 12 avr. 2017
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