Lorsque l’on parle d’Howard Philips Lovecraft beaucoup d’images peuvent venir en tête. Un monstre géant à tête de pieuvre, un livre maudits relié en peau humaine, une xénophobie latente particulièrement marquée, et bien d’autres encore. Et si toutes ces images sont justes, elles ne peuvent bien évidemment par résumer l’œuvre, modeste mais au combien marquante de celui que l’on parfois appelé à tord le reclus de Providence.
En grand lecteur, et admirateur, de cet auteur à la fois célèbre et inconnus, j’ai donc décidé de revenir sur l’intégralité de ses œuvres, dans l’ordre chronologique, pour exprimer mon avis, et peut-être apporter une nouvelle vision de M. Lovecraft.
Je commence donc par sa toute première œuvre, La petite bouteille de verre. Une « nouvelle » extrêmement courte, au style hésitant (voir balbutiant) et dont l’histoire tiens plus de l’ébauche que de l’intrigue. Et pour cause, c’est un Lovecraft d’environ huit ans qui en est l’auteur.
Au vue de cet age, il est évident que le résultat allait être d’une inévitable simplicité. Nous suivons donc un groupe de marin (pour être précis un capitaine et son second) qui partent en quête d’un trésor en suivant une carte trouvée dans une bouteille de rhum repêchée en mer. Dès le départ, on sent que le jeune auteur était un lecteur férus de Jules Verne, tant l’histoire, les personnages et la fin ressemblent à ce qu’aurait pu imaginer ce dernier (le tout baignant dans une simplicité enfantine). Les marins sont donc présenté (aussi succinctement que possible) comme des hommes aventureux et flegmatique, dans une chasse au trésor aussi courte qu’inattendue. Car chose surprenante chez ce futur maître de l’horreur cosmique, La petite bouteille de verre révèle un esprit facétieux, avec une fin mêlant morale et humour, une fin qui justifie la lecture.
Lovecraft montre ici une relative maturité (encore une fois, huit ans), bien que sa maîtrise de la narration soit encore très incomplète. Mais surtout on notera qu’à ce stade rien ne semble prédestiner l’enfant à devenir l’écrivain que l’on connaît aujourd’hui.