Triple championne.

La petite communiste qui ne souriait jamais est un portrait sur mesure de la gymnaste roumaine Nadia Comăneci.

Connue mondialement pour ses compétitions et sa note exceptionnelle de 10/10 aux J.O. de Montréal, elle fuit la Roumanie en 1989 malgré une surveillance rapprochée du régime communiste. Lola Lafon recherche et retrace l'exactitude des faits tout en s'appropriant l'histoire. L'alliance entre sensibilité et réalité donne au lecteur un sentiment de justesse. L'écriture est vivante, avec le pouvoir d'être lue comme si elle était une parole orale. C'est une collaboration entre l'écrivaine et la sportive, un récit vivant qui rebondit sur la base de témoignages de Nadia soigneusement retranscrits en italique (pour ne pas déformer le discours de la gymnaste). Le roman est plus proche du documentaire que de la fiction. En effet, on sent de multiples points de vue dans le récit, notamment au niveau de l'Histoire politique : ce n'est pas l'opinion de l'auteure qui prègne, ni même celle de la protagoniste. La petite communiste ne tranche pas entre le bien et le mal. Les mots sont bruts. Le texte parle de lui-même. Il relate de façon implacable le jugement des médias - et du monde en général - sur le corps des filles. Il raconte le quotidien de Nadia pour lequel la société semble malade d'injonctions. Conclusion : même les championnes mondiales de sport effectuent un grand écart entre efforts soutenus et rabaissement social. Plus une femme brille, plus les ombres dansent. Entre compétitions, misogynies et régimes politiques extrêmes (on ne préfèrera dans ce livre ni Est ni Ouest), Nadia Comăneci est une triple championne. Appris que l'Histoire change selon qui nous la raconte. Aimé progresser sur les aspérités de cette biographie.