La Petite Communiste qui ne souriait jamais par 3ptipoints
La littérature a ceci de magique qu’elle permet de passionner les foules pour des sujets qui, de prime abord, semblent peu susceptibles d’éveiller la curiosité…
La petite communiste qui ne souriait jamais en est un très bel exemple : l’histoire de Nadia Comaneci, cette fillette roumaine propulsée championne olympique en 1976 a défrayé la chronique en son temps. Pourtant, à l’évoquer aujourd’hui, on assiste tout au plus à de vagues réminiscences tout de même teintées de quelques frissons, souvenirs de ces exaltations télévisuelles que font bizarrement naître les grandes compétitions sportives. Quant aux plus jeunes générations, ce nom leur dit bien quelque chose, mais ça ne va guère plus loin.
Lola Lafon signe avec ce quatrième roman le portrait époustouflant d’une enfance à part, mais d’une enfance tout de même, innocente et pleine de rêves, avec en filigrane le visage du peuple roumain à un moment clé de l’histoire de son pays. A l’instar de ces quelques lignes où la narratrice se rend à Bucarest, de nos jours, Lola Lafon efface les clichés, et invite aussi à la réflexion :
« Je marchais vers ce qui fut le palais des Ceausescu, il me semblait proche et plus je marchais, plus il s’éloignait, (…) pourquoi ne pas le démolir, je demandais, on me regardait, fâché, on a plus de passé à force de tout taire, disaient ceux et celles qui avaient été témoins, enfants, de sa construction, déjà que les vieux ne supportent pas qu’on raconte nos bons souvenirs! »
Difficile de s’arracher à la lecture de cette très belle surprise, mais c’est plus fort que soi, il faut retourner visionner, pour la dixième fois, les images de ce fameux jour de juillet 1976 où une fillette d’ 1m 50 défie au prix de sa vie les lois de la gravité.