À la mesure d'une progressive claustration, « La place du mort » est un livre corpulent au casting minutieux et régulé. Jordan Harper brosse alors une histoire familiale à l'espace confiné ponctuée par une cadence vive et renversante. C'est à la chaleur émotionnelle laconique que cet ouvrage, au carrefour entre roman noir et polar, dessine la cartographie d'une tension invisible qui s'insinue au sein d'un cruel et mordant itinéraire, durant lequel les protagonistes, père et fille, rencontreront des visages aux contours acérés. Dans une prose à l'âpre simplicité, le récit réserve une histoire de la transformation, de l'éclosion d'un amour et d'une fidélité parental·e·s profond·e·s. Si l'auteur offre un roman haletant à la temporalité propre, touchant presque de l'instantané, il permet également la conquête d'un territoire, brut et sans fioriture qui évente une véritable maîtrise scénaristique. C'est in fine un premier roman sensible et épidermique, l'histoire d'une survie à tout prix.