Attention chef-d’œuvre !
En entamant la lecture de ce classique de la littérature française de science-fiction, l’avertissement clignotait en rouge dans ma mémoire. Ayant en effet suivi de loin les conversations de quelques sommités et habitués du genre dans l’Hexagone, je ne pouvais pas l’ignorer. À la limite de l’indisponibilité, la dernière édition de l’ouvrage étant parue chez l’Atalante sous une couverture de Caza, la réédition en poche dans la nouvelle collection de la maison nantaise ne paraissait pas superflue eu égard à l’aura du titre. Hélas, je confesse être resté hermétique à la flamboyance de l’ouvrage. À vrai dire, voici même un nouveau rendez-vous manqué, ne m’en voulez pas…
La Plaie… c’était donc eux?
« Je ne pouvais y croire, étant homme et d’origine terrienne. Je
connais les hommes ; mieux, je me connais. Nous sommes souvent bornés,
mesquins, lâches et sensuels. Il y a des malades et des déments parmi
nous. Mais un criminel pur, qui détruit pour le plaisir de détruire,
et dont les cellules cérébrales sont saines, cela n’existe pas. Le XXe
siècle pouvait y croire. Nous, pas. »
An 3000. La « Plaie », aussi connu sous le nom de « Ténèbre », a frappé la Terre provoquant un exode irrésistible de sa population. Ses agents pathogènes, les « Nocturnes », font régner la terreur jusqu’aux frontières des mondes libres où l’épidémie se répand sous diverses formes. Seule Sigma, la capitale des mondes arcturiens, semble en mesure de résister. Mais ses dirigeants doivent réagir vite, mobilisant toutes leurs ressources pour contrer la menace et en cerner ses causes. Et peut-être même en ayant recours aux mutants issus de la Terre elle-même.
Avec La Plaie, la part féminine de l’auteur Nathalie Charles Henneberg accouche d’un space opera lyrique et violemment baroque, évoluant aux frontières de la métaphysique. Le roman de l’autrice française, d’origine russe, n’est pas sans évoquer en effet le souffle de l’épopée des grandes fresques littéraires et la flamboyance d’un Jean Hougron, auteur lui-même d’un space opera avec Le Naguen.
Divisé en deux parties, La Plaie relate la fuite éperdue d’un groupe hétéroclite, mutants dotés de pouvoirs paranormaux et métissés d’extraterrestres, dans une atmosphère apocalyptique, voire crépusculaire pour reprendre un terme wagnérien. Et pourtant, c’est grâce à cette poignée de réfugiés que l’espoir renaît, non sans mal car tous ne sont pas exemplaires.
L’intrigue multiplie les emprunts aux tropes de la science-fiction, mais aussi à la littérature plus classique, notamment La Divine Comédie de Dante et la Bible. Elle puise également à la source de l’Histoire, évoquant quelques uns des fléaux les plus notoires qu’ait connu l’humanité par le passé.
Résolument non linéaire, le récit entremêle plusieurs trames s’attachant aux destins tourmentés de plusieurs personnages dont on suit l’itinéraire, entre trahisons, repentir, batailles épiques, deuils et histoires d’amour. C’est tragique, nullement manichéen comme on pourrait le craindre, mais au final assez difficile à suivre.
Hélas, en dépit de réelles qualités, La Plaie n’a suscité qu’ennui et lassitude auprès du piètre lecteur que je suis. J’ai trouvé le récit inégal, parfois lourd, pour ne pas dire lourdingue, et confus. À tel point que je suis désormais définitivement vacciné, n’ayant aucune envie de lire Le Dieu foudroyé, suite du présent ouvrage. C’est la vie.
Aparté : J’espère que l’Atalante va corriger le tir avec sa collection de poche. Les couvertures sont tout simplement immondes. Je n’ose dire qu’elles font saigner les yeux, de crainte de me faire taxer d’humour douteux (et pourtant, ce n’est pas mon genre…)
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