Difficile de créer un élément de surprise quand on parle d’une des œuvres de SF les plus connues et les plus adaptées au cinéma, et surtout dont le twist final est non seulement l’un des plus célèbres mais aussi un des plus iconiques. Néanmoins, il s’avère que le roman de Pierre Boulle est une petite pépite. Non seulement parce qu’au final, aucune des adaptations ne lui a vraiment rendu justice (chacune ayant plus ou moins pioché aléatoirement), et qu’il réussit à garder une part d’émerveillement. Que ce soit dans la structure du récit (très logique et bien ficelée), les personnages développés attachant, la part importante des théories scientifiques actuelles et leur intégration au récit (pilier fondamental de la SF), ou tout simplement l’univers dans lequel l’ensemble se déroule.
Le seul reproche qu’on pourra éventuellement faire est l’absence de véritable explication sur l’existence de cette planète : là où l’adaptation de Schaffner ou son reboot ne laissaient aucune ambiguïté sur l’identité de la planète, là où Burton donnait une explication certes bancale mais cohérente (et au final la plus proche) ; Boulle botte en touche. Ce qui pourrait décevoir les lecteurs cherchant à voir la version originale du twist. Et c’est bien là le petit tour de force : c’est que même si on le sentait venir, le twist final repose sur la structure même du récit et surtout sur le message que Boulle cherche à faire passer. Ce qui, d’une certaine façon, le renforce.
Un très bon roman donc, qui réussit à garder une certaine forme de surprise et restera finalement suffisamment différent de ses différentes adaptations pour qu’on en profite pleinement. Le style de Boulle et la structure qu’il donne à son récit en sont les principales forces et fond une œuvre culte de la SF. Cocorico, c’est made in France !