James Lee Burke !
On sait que le genre tellement populaire (on peut dire aussi "commercial") est avant tout porté par des écrivaillons qui mettent en place et exploitent sas vergogne des formules qui leur assurent le...
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le 11 août 2023
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On sait que le genre tellement populaire (on peut dire aussi "commercial") est avant tout porté par des écrivaillons qui mettent en place et exploitent sas vergogne des formules qui leur assurent le succès. Il nous arrive même, et plus souvent que nous devrions, d'en lire. Mais aucune inquiétude à avoir, ce métier-là, celui d'écrivain de "roman de gare" n'en a plus pour très longtemps : n'importe quelle AI bien programmée sera bientôt capable de remplacer les Coben et autres Thilliez, sans que nous y perdions grand chose.
Mais les amateurs de littératures savent que depuis Chandler et Hammett (pour la faire simple...), il y a aussi de véritables (grands) écrivains qui ont éclos dans le genre, et sont l'honneur du polar. James Lee Burke est l'un d'eux, au moins aussi immense que James Ellroy, par exemple, même s'il n'est pas aussi connu. Lire un Burke, c'est l'assurance d'un voyage enchanteur dans le pays des mots enchantés, des images magiques, de sensations rares, des sentiments sublimés.
Prenez par exemple la Pluie de Néon, qui date de 1987 et est le premier bouquin mettant en scène Dave Robicheaux, policier cajun "hardcore" qui lutte autant contre le mal gangrénant sa Nouvelle Orléans adorée que contre ses propres tendances autodestructrices (oui, c'est un cliché, mais chez Burke, les clichés sont aisément transcendés). L'histoire, qui fait danser dans le bayou de la Louisiane et les rues mal famées de la Nouvelle Orléans mafieux faussement débonnaires, gangs colombiens et agents "rogues" (ou pas) de la CIA autour d'une intrigue abstraite parlant de trafic d'armes avec les contras, n'est pas vraiment passionnante : les amoureux d'enquêtes minutieuses et logiques n'y trouveront pas leur compte. Mais la manière dont Robicheaux fonce dans le tas, armé d'un flingue, mais surtout de ses principes moraux, hanté par les visions d'horreur de son passé au Vietnam, est tout simplement époustouflante. Les pages physiquement éprouvantes - déchéance physique, tortures, violence radicale - alternent avec les moments de pure beauté - description bouleversante de la nature louisianaise - et les brefs réflexions philosophiques (oui, osons le "gros mot" !) ; et nous voilà bouleversés, les larmes aux yeux.
Un chef d'œuvre, non pas du polar, mais de de la littérature tout court.
[Critique écrite en 2023]
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Créée
le 11 août 2023
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