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Les spécialistes de l'histoire de l'art ont tendance à distinguer, dans la Renaissance italienne, deux écoles de peinture. La première est la plus connue : celle de Vinci, Michel Ange et Raphaël. Elle se focalise principalement sur le jeu des formes, de la perspective et de l'impression discrète du sfumato. Elle réussit grâce à des traits flous à faire émerger une impressionnante netteté. Mais il en existe une deuxième, qui me parait à bien des égards meilleure, celle de l'Ecole de Venise et notamment de Bellini, de Giorgione ou de Titien. Si cette peinture devait avoir une caractéristique précise, c'est la formidable lumière des couleurs de sa peinture, comme s'il s'agissait d'inonder les yeux du spectateur comme le soleil illumine l'eau de la baie italienne. Cette impression d'être submergé par la beauté de la couleur m'a frappé en lisant La pluie de néon de l'immense auteur de romans noirs James Lee Burke. Ce n'est pas ce que lecteur attend traditionnellement d'un roman noir à l'exception près que s'il y a bien une constante dans ce genre de littérature, c'est bien qu'elle met au premier plan de la narration un lieu, ou plutôt un paysage. Que seraient les romans exceptionnels de James Ellroy ou d'Edward Bunker sans Los Angeles ? D'Alan Parks sans Glasgow ? James Lee Burke préfère sans hésitation les bayous fascinants de la Louisiane, son ciel merveilleux et marbré de mauve, d'orange et de vermeille, ses lacs profonds et ses baies ensoleillées, ses rues dans lesquelles résonne un fond de jazz et où l'on hume l'odeur des torpilles, qui inonde de chaleur et de beauté ces êtres humains faillis moralement, se battant perpétuellement contre eux mêmes et leurs passés, qu'ils soient des flics, des juges, des voyous, des trafiquants, des politiciens ou des gérants de restaurants. La seule rédemption possible : la liberté et l'amour d'une femme. Rien de bien nouveau dans l'univers du roman noir mais le tout exécuté avec une rare maîtrise et surtout une étonnante volupté colorée et lumineuse. Je pense que j'ai lu l'œuvre d'un géant.

PaulStaes
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le 1 déc. 2024

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Paul Staes

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