Modeste dans ses ambitions philosophiques et pourtant riche dans sa portée littéraire, La Porte est un truculent petit conte qui à choisir, préfère défaire plutôt que faire la morale.
Porté par deux délicieux personnages centraux et leur relation en dents de scie, la novella voit défiler une série de protagonistes et de situations à l'humour (noir) croissant au sein d'une construction en trois actes fort bien maitrisée et sans temps morts. En quelques pages, le récit passe d'une forme à une autre, ici avec les éléments de narration chers au théatre, là avec des allures de thriller dans la façon dont est structuré le mystère. Se dessine alors une relecture au vitriol de l'Inquisition au sein d'une tragi-comédie tour à tour burlesque et absurde. Ainsi le grand tour de force de ce petit texte polymorphe est de continuer à surprendre page après page, à ne jamais se reposer sur ses acquis et à garder le lecteur pris dans l'histoire de bout en bout.
Cerise sur le gâteau, le tout est servi par un style délectable, riche sans être lourd, précis sans être pédant, drôlatique à chaque coin de page, arrachant des éclats de rire toutes les 3 lignes. On sent là quelque chose de propre à l'auteur qui donne envie de découvrir le reste de sa prose : un amour évident - et surtout communicatif - pour le langage.
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