Une belle déception pour cette première lecture d'un livre d'André Gide.
La Porte étroite n'est pas à prendre uniquement comme un roman d'amour. Heureusement, sinon la note serait encore plus basse. C'est aussi un livre autobiographique de morale bourgeoise maladive. Je ne suis pas familier de l'écriture de Gide en dehors de sa poésie, mais le livre nous sert ici un épandage de mièvreries surannées impliquées par un amour impossible et tragique.
L'intérêt (quand même relatif) de ce livre, se situe plus dans la confrontation morale que s'opposent et s'obligent en permanence les personnages, les faisant continuellement se détourner de leur bonheur. Alissa se refuse à l'amour physique et à la sensualité par une dévotion pieuse à laquelle elle s'astreint. Jérôme, par transport charnel et spirituel pour Alissa, s'enferme dans une exaltation mystique. Cet enlacement de passions spirituelles, morales, sentimentales et affectueuses conduit les deux personnages à entretenir une relation semblable à un métronome désordonné.
Jérôme s'oblige à un éloignement d'Alissa, pour finalement se rapprocher d'elle, avant de se repousser à nouveau pour respecter la morale qu'ils se sont imposée. L'ensemble de ces passages constituent la trop grand majorité du livre, et ne nous sont délivrés que par des longs sanglots de sentiments mièvres des personnages, passifs face à leur propre enfermement.
On ressent quand même une pointe de satisfaction lorsque, aux portes de la mort, Alissa se rend enfin compte de leurs choix absurdes ; elle s'est imposée une vie de souffrance alors qu'une vie faite de plaisirs et sans retenue spirituelle l'aurait véritablement remplie de bonheur. On l'avait tous deviné depuis le début. Mais on tombe enfin sur un passage pertinent et défait des mièvreries de cette bourgeoisie passive face aux contraintes qu'elle s'auto inflige.
Tout n'est donc pas à jeter, dommage que le reste de l'oeuvre soit décoré d'un amour si précieux, ridicule et fade.