La Possibilité d'une île par valerdaviep
Derrière une quatrième énigmatique, se cache un roman qui ne l’est pas moins. A l’origine lu parce que je souhaitais sortir de la littérature science-fictive, cette production de Michel Houellebecq (à qui je donnais une dernière chance après une expérience décevante –merci Iggy Pop) n’en est pas si éloignée. En effet, au-delà d’une certaine forme de critique sociale et déontologique, se rapprochant d’un registre « anticipation », La possibilité d’une île aborde autant les questions du clonage que de la perception de la vie que ces êtres peuvent avoir. C’est ainsi un ouvrage qui articule une réalité qui semble très proche de la notre avec un futur lointain où la planète entière s’est transformée au sens propre du terme.
Alors que nous suivons les pérégrinations de Daniel1, comique sur le déclin tant professionnel que personnel, ses gloires déboires et ses espérances plus ou moins sincères pour une secte promettant l’éternité à l’heure où les grandes religions perdent significativement leur attractivité. Le récit est entrecoupé d’une lecture d’un certain Daniel24… directement issu du code génétique du narrateur. La secte aurait-elle tenue ses promesses ?
La possibilité d’une île est un roman intriguant, a fortiori pour un habitué de la littérature de l’imaginaire. A la fois sur des thèmes qui peuvent être explorés par des auteurs estampillés SFF et sur un registre qu’on appellera « littérature contemporaine », Houellebecq parvient à jouer sur les deux tableaux sans en choisir un réellement. Le roman oscille entre réflexions sur l’impact des avancées technologiques qui posent un débat profond, contexte du développement de celles-ci, propos sur ces structures à la fois marginalisées et présentes, et récits triviaux où les préoccupations de l’auteur pour la sexualité s’expriment allégrement.
Cependant, si la sauce prend assez souvent, on regrettera aussi le déséquilibre produit. Même si l’alternance entre les déboires très humains de Daniel1 et leur interprétation par un Daniel24 étranger à ceux-ci sont intéressants, le roman aurait peut être gagné à être plus dense voire à s’articuler en deux tomes laissant à Michel Houellebecq le loisir d’entremêler les deux récits. La conclusion, passionnante, reste légère et frustrante. Là où l’ensemble de l’argumentaire aurait pu donner une dimension réellement SF, celle-ci est trop vite amenée laissant le lecteur sur un goût d’inachevé.
Note : II
Les Murmures.