Lu en Décembre 2021. Ed. L'imaginaire. Trad Yvonne Davet. 7/10


J'ai du mal à me faire au style extrêmement elliptique, mais en même temps pas sautillant, je trouve ça un peu mou et comme il y a peu de descriptions, j'ai dû mal à rentrer dedans. J'ai aussi souvent du mal à savoir qui parle.= style allusif de l’époque.


À la fin de la première partie, je commence à m'habituer au style.
Le problème vient aussi du fait que ce personnage ne m'a jamais été sympathique dans Jane Eyre, donc je pars avec des mauvais a priori, mais même ici, il n'est pas très sympathique, il est effrayé, interrogateur, un peu comme Jane, mais sans la présence d'esprit, la force de caractère.
Peut être que la rencontre avec Rochester va déclencher plus d'entrain dans ma lecture.


C'est un immense changement pour moi d'avoir repris du point de vue d'Edward Fairfax Rochester, un personnage que j'apprécie et que je connais. Son style me plaît plus, c'est moins hésitant, mais je sens que ce n'est pas le Rochester de Jane Eyre, il est encore jeune et un peu naïf. Il n'a pas son côté dominateur, il n'a que son côté contemplatif.
Je préfère repartir sur cette base en tout cas, même si le manque de descriptions me gêne toujours autant.


"En sortant de l'église, je lui pris la main. Elle était froide comme de la glace sous le soleil brûlant." (p91)


Ce Rochester est tout à fait perturbé, il a manifestement le mal du pays, il a pris en aversion cette terre dès son arrivée et cela se répercute sur son bonheur, sur sa vie conjugale avec une anglaise d'ici, avec une fille qui ne sait pas pourquoi elle vit.
Il y a une légèreté du style qui se mêle à une lourdeur des pensées des personnages, c'est l'atmosphère qui semble régner en Jamaïque et en cela c'est bien écrit, je commence à m'y faire.


"Toutes les femmes, de toutes couleurs, c'est rien que des imbéciles. Trois enfants, moi, j'ai eu. Un en vie ici-bas, chacun d'un père différent, mais pas de mari, Dieu merci! Moi, je garde mon argent. Je le donne pas à aucun vaurien d'homme." (Christophine - p134)


C'est difficile à gérer les deux points de vue qui changent souvent, mais c'est plutôt pas mal fait. Même si ça manque toujours de détails à mon goût. Je suis “au-dessus de l'épaule des personnages" j’aimerais avoir beaucoup d'informations sur eux ou sur ce qu'ils voient et ne voient pas.


J'ai dû mal à comprendre la relation de Rochester Et Bertha/Antoinette (Bertha ça sort d'où ?). Cette dernière est alcoolique manifestement, mais elle n’est pas spécialement folle et elle a beaucoup pour plaire. Rochester semble être également proche de l'alcoolisme, et je ne comprends pas trop ce qu'il aime et ce qu'il n’aime pas.
Moi j'apprécie beaucoup le personnage de Christophine et c'est étonnant que Rochester la haïsse autant.


p206-209 : C'est très intéressant et très malsain ces pensées de Rochester. Cette possessivité maladive, couplée à une jalousie maladive. Il n'est pas beaucoup plus sain qu'elle. Ils forment en cela une seule et même entité, ils sont une même altérité du vice.


"Je haïssais les montagnes et les collines, les rivières et la pluie. Je haïssais les couchers de soleil, de quelque couleur qu'ils fussent; je haïssais la beauté de ce lieu et sa magie et son secret que je ne connaîtrais jamais. Je haïssais son indifférence et la cruauté qui faisait partie intégrante de sa beauté. Par-dessus tout, je haïssais Antoinette." (p217)


La troisième et dernière courte partie m'a procuré un double sentiment. Un sentiment de réconfort de revenir dans Thornfield, un endroit que j'aime particulièrement ; et en même temps un sentiment de mutilation. Car j'ai senti que ce que vivait Bertha n'était pas juste, elle s'est faite séquestrée par un homme plein de haine. Et ça m'ennuie beaucoup de coller tout ça sur Edward Rochester. Elle a tourné folle mais une fois seulement avoir passé des mois dans une pièce sombre. Avant elle était surtout alcoolique et avait besoin d'aide.


Mon sentiment sur ce bouquin est très partagé. En même temps, je suis content d'avoir lu une sorte de continuation du lore de Jane Eyre et je suis finalement assez admiratif du style elliptique de la narration.
Mais d'un autre côté, je ne me suis pas attaché aux personnages, ni à l'ambiance, ni d'ailleurs à ce style elliptique. Un style léger sur un sujet grave, parfois ça marche mais là ça ne m'a pas vraiment touché. Peut être que mon horizon d'attente a joué un grand rôle, je ne m'attendais absolument pas à ça.

Arimaakousei
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le 18 févr. 2022

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