Le mystère des hommes à têtes d'oiseaux

John Connolly est un immense écrivain. Si vous n'avez jamais lu le moindre de ses romans policiers, réparez vite cette erreur, car cet Irlandais possède un talent hors norme. Un peu comme son contemporain Michael Connelly, il ne cherche pas ses mots et va à l'essentiel, mais à la différence de l'Américain, le vocabulaire utilisé est ici d'une grande richesse, et vous devrez parfois faire appel à ce bon vieux dictionnaire pour comprendre tel ou tel mot. Par rapport à ses premiers romans qui cherchaient à impressionner le lecteur via une surenchère stylistique, j'ai trouvé "La Proie des Ombres" beaucoup plus agréable à lire, et j'ai été passionné de bout en bout par cette histoire pourtant très glauque.

Le détective Charlie Parker est donc de retour, et cette fois-ci, il enquête sur une sombre histoire d'abus sexuels sur mineurs qui auraient été perpétrés dans une petite communauté sectaire du Maine. Un tueur sanguinaire dénommé Merrick se met en travers de sa route, et contre toute logique, Parker se met peu à peu à avoir de l'empathie pour cet ancien taulard qui recherche désespérément sa fille. L'histoire est tortueuse, cruelle et malsaine, mais Connolly la mène brillamment en alternant les chapitres à la première et à la troisième personnes. Tout comme Stephen King, John Connolly aime le Maine et il n'hésite pas à nous abreuver de descriptions historiques et géographiques pour nous transmettre la passion qu'il éprouve vis-à-vis de cet état du nord-est des Etats-Unis. Hormis ces quelques passages qui ralentissent inutilement le rythme, l'auteur démontre à nouveau qu'il est un as du roman policier, et que personne ou presque ne lui arrive à la cheville quand il s'agit de créer du suspense.

Cependant, Connolly s'entête à inclure des éléments surnaturels dans ses récits, et cette fois-ci, on a droit à quelques histoires de fantômes et de créatures étranges qu'il surnomme les "hommes creux". On se demande où il veut bien en venir, car au final, tout cet aspect de l'histoire est anecdotique et ne sert à rien dans le déroulement de l'intrigue. "La Proie des Ombres" aurait selon moi gagné en efficacité si Connolly s'était contenté d'écrire un roman policier tout simple et sans fioriture, mais bon, ce gimmick surnaturel fait partie intégrante de son style et l'a aidé à se distinguer des autres auteurs de polars.

Réjouissez-vous donc de retrouver Charlie Parker, Louis, Angel, et bien sûr Rachel et Sam, dans ce qui constitue l'un des meilleurs romans policiers que j'ai lus depuis longtemps.
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le 16 août 2011

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