C'est un premier roman pour cette autrice germaniste, historienne de la période de l'occupation en France et qui a publié de nombreux essais sur la France de la collaboration longtemps occultée de la mémoire collective.
Si j'évoque son travail de recherche assidu et reconnu sur ce sujet trouble et extrêmement sensible, c'est qu'elle nous relate, raconte son vécu personnel de petite fille dans une famille de collabos.
Sa famille, à l'époque, complètement en phase avec l'idéologie des occupants nazis et leur propagande.
Comme on dit, elle était tombée dans la marmite, mais trop jeune pour comprendre les enjeux et leurs conséquences.
Alors, par le truchement de cette fiction "vraie", Cécile Desprairies, révèle la figure de sa mère, personnage omniprésent, sorte de Walkyrie prête aux combats, qui comme beaucoup d'autres a adhéré à 100% aux programmes du troisième Reich.
Sa mère, Lucie, rencontre au début de la guerre, un preux chevalier allemand ( Alsacien !! ), médecin, grand, fort et blond qui bouleversera sa vie de femme amoureuse jusqu'à son dernier souffle.
Cette mère, figure de proue à l'avant d'un navire, va après guerre, essayer de gérer la débâcle, celle des envahisseurs et celle de Pétain et surtout les membres de la famille mêlés dans la collaboration.
Son but, être discrète pour passer entre les mailles du filet de l'épuration.
Mais le sel, le savoureux de cette histoire mêlée à la grande Histoire, c'est le ton employé, le recul, l'humour, la drôlerie de C.D. pour évoquer un sujet dramatique, impensable et ancré à jamais dans le destin d'hommes et de femmes.
Cette historienne ose y intégrer sa propre famille.
Merci.