Encore un de ces courts textes où Sénèque se concentre sur un problème avant tout avec, en prime, une belle langue. Ici, plus que de la Providence, Sénèque veut répondre au problème fondateur : comment cela se fait-il que des hommes de bien puissent subir des maux ? Pourquoi le mal s'abat sur les hommes bons tandis que les méchants profitent d'une vie pleine de gloire et de richesse.
Ici, c'est un Sénèque d'âge mur qui nous prévient qu'il ne répondra pas à la totalité du problème, l'aspect physique, pourtant central, sera mis de côté. À l'inverse, on sent que Sénèque préfère attaquer l'angle moral, le plus problématique du point de vu extérieur. On ne peut convaincre des adversaires avec des arguments physiques trop lointain, il faut démontrer que l'on a raison avec la proximité morale du quotidien.
Sénèque va alors valoriser les efforts quotidiens et montrer que si l'homme juste a une vie difficile c'est justement pour lui permettre de montrer sa hauteur, sa supériorité. On ne remarque pas les hommes grands s'ils ne subissent pas des épreuves.
Mais, en plus de cela, Sénèque va ensuite s'intéresser à souligner qu'évidemment les maux ne sont des maux que pour les non-sages, en réalité ils ne sont pas un mal. Et ainsi penser que l'homme bon subit des maux c'est ne pas penser comme il le faudrait. Une fois qu'on a vraiment pris conscience de la nature des choses, prétexter un destin malheureux pour l'homme bon n'a plus de sens.
Sénèque invite également à remettre en perspective que le destin est bon et qu'ainsi il ne faut pas voir les choses qui ont lieu comme pouvant être mauvais.
Ce texte est simple, mais plaisant. Il ne tombe pas pourtant dans la simplicité et il ne faut jamais oublier que Sénèque joue volontairement entre les deux sens du terme « mal » : son sens vulgaire et la définition stoïcienne. Sénèque est plus ici dans une position de réponse aux problèmes que posent les anti-stoïciens et ainsi il ne faut jamais l'oublier.
Ce texte est simple, mais il s'inscrit bien dans l'ensemble de la pensée de Sénèque. Un ouvrage pour débuter le stoïcisme ou compléter sa découverte.