Quand l'objectivité rêve...
Bachelard nous parle d’une série d’ "erreurs" commise par la recherche scientifique, sur le feu. "Erreurs" non pas dues a une défaillance de la méthode scientifique, mais du au fait que le feu (et toute la symbolique qui l’accompagne) exerce une fascination suffisamment forte sur l’esprit scientifique pour en déformer sa pensée. Ainsi "le rêve est plus fort que l’expérience", constate Bachelard. La Psychanalyse du Feu nous présente une série de scientifiques et de poètes qui ont pour point commun d’avoir été happés par ce rêve.
D’où l’idée d’une psychanalyse de ces manifestations de rêveries, de ces discours se présentant comme scientifiques mais fourmillant de raisonnements préscientifiques. Puisque cet irrationalisme n’appartient plus au domaine de la science, le discours scientifique ne pouvant plus rien dire sur ces "erreurs", Bachelard convoque justement cette analyse qui trouvera les raisons de ces "erreurs" dans le désir inconscient de ces scientifiques, dans cette subjectivité qui s’est directement mêlée dans un discours se voulant objectif.
C’est un livre étonnant car il s’intéresse aux couacs, aux fausses notes présentes dans un processus scientifique, non pas du, encore une fois au processus en lui-même, mais au rapport avec l’objet que ce processus étudie. Et le comme le dit Bachelard dans l’avant propos : "Il suffit que nous parlions d’un objet pour nous croire objectifs. Mais par notre premier choix, l’objet nous désigne plus que nous ne le désignons et ce que nous croyons nos pensées fondamentales sur le monde sont souvent des confidences sur la jeunesse de notre esprit".