Malgré son titre, ce livre n’est pas totalement contre la psychanalyse, et son sujet dépasse le champ de cette dernière. C’est avant tout une critique contre toute tentative de réduire le désir à un objet, a un manque, a la loi du négatif. Ces tentatives on atteint leur paroxysme dans certains discours psychanalytique, se servant du complexe d’Œdipe de manière policière (d’ailleurs, peut-il avoir d’autre manière d’exploiter ceci ?). Tu seras œdipien, ton désir se structurera selon papa-maman, sinon tu ne seras rien, rien de reconnu, être innommable.
L’une des grandes nouveautés philosophique de ce livre fut de développer un concept de désir qui ne se rapporterais pas à un objet (l’objet du désir donc), mais qui serais localisé dans un agencement. Autrement dit je ne désire jamais dans un abstrait, je désire dans un contexte historique, politique social etc… Et le désir selon Deleuze et Guattari , c’est justement désirer dans cet agencement historique, politique, social etc… Ainsi, le désir s’exprime dans, par, avec cet agencement (et par là le construit, organise, ce sont les conditions de ce désir). C’est pour cela que le livre peut paraître rebutant, car il cherche une manière de parler d’un désir sans objet, un désir au cœur d’une multitude, donc l’utilisation de certains termes tel que « flux », « machines » pour parler du désir. Aussi une grande part des réflexions est consacrée à la littérature moderne et a différent travaux d’ethnologie (Lévi-Strauss et Clastres notamment), et bien entendu au corpus freudien et lacanien principalement.
Tout l’intérêt de cette critique de la psychanalyse au nom de la réévaluation du concept de désir est qu’elle ne se place pas dans une dénégation ou dans une réduction de la découverte freudienne (au nom de la science ou de la morale) mais dans une posture voulant le respect de la singularité de chacun. Singularité mise à mal par l’interruption, par le discours œdipien, du désir (ce que tu désire c’est le père, et non ça). Un début de méthode clinique y est pensé.
Il s’agit donc d’une ouverture sur l’inconscient, d’un questionnement sur nos rapports avec nos désirs, non pas pour savoir qui nous sommes, mais pour se rendre a quel point ils nous transforment, nous font devenir autres a nous même et a quel points nous pouvons les réduire et les aliéner a des normes sociales (la jouissance et l’identification névrotique avec les figures parentales par exemple).