2016 a été une année Lovecraftienne avec la sortie coup sur coup de plusieurs bouquins revisitant en version "moderne" les textes de Lovecraft : La Ballade de Black Tom de Victor LaValle, La Quête Onirique de Vellitt Boe de Kij Johnson ou encore Lovecraft Country de Matt Ruff (que je n'ai pas encore lu).
Qui a lancé cette mode ? Pourquoi subitement, près d'un siècle après la parution des livres ? Mystère.
Le but de l'entreprise est évidemment de dénoncer quelque chose (tout en surfant sur la très rentable vague Cthulhu) : le racisme pour Victor LaValle, et la place des femmes pour Kij Johnson.
La Quête Onirique de Vellitt Boe est donc une version féminine de La Quête Onirique de Kadath l'Inconnu. Randolph Carter est remplacé par une femme mûre, déterminée et libre dans un monde dirigé par des Dieux omnipotents et surtout très masculins. Pourquoi pas après tout.
Malheureusement, le récit souffre pour moi de 3 défauts.
1/ C'est globalement la même histoire que le bouquin de Lovecraft, en moins bien.
2/ Là où les Contrées du Rêve de Lovecraft sont étranges, baroques, cauchemardesques, celles de Johnson sont juste mignonnes et bucoliques. Du coup, le parcours de Vellitt ne ressemble pas trop à une aventure, mais à une sympathique rando printanière en Provence.
3/ L'aspect féministe du bouquin est quand même plutôt soft.
Résultat, c'est une petite déception car j'avais beaucoup aimé Un Pont sur la brume du même auteur. J'ai ici réprimé à plusieurs reprises un baillement poli d'ennui : non pas que le livre soit nul mais la balade y est...monotone, contrairement à celle de Carter vers Kadath. C'est surement volontaire d'avoir voulu faire une version "gentille" de la quête Onirique, mais au final, c'est anti-spectaculaire au possible.