Messieurs. L'objet de ce cours est l'histoire philosophique. C'est
l'histoire générale de l'humanité que nous aurons à parcourir ici.
Notre propos sera non de tirer de l'histoire des réflexions générales
et de les illustrer à l'aide d'exemple extraits du cours des
événements, mais de présenter le contenu même de l'histoire
universelle.
Surprenante introduction qui nous rappelle que cet ouvrage est avant tout une leçon dispensée dans une université allemande entre 1822 et 1830. Ce traité philosophique est donc un assemblage des manuscrits de l'auteur (lacunaires) rassemblés avec les prises de notes de ses élèves. Le cours fut publié posthume pour la première fois en 1837.
Dans La raison dans l'histoire, Hegel répond à tout un tas de questions que je me posais depuis longtemps. Notamment pourquoi trouve t-on des écarts significatifs en terme de développement culturel ou technique entre deux civilisations situées dans des aires géographiques différentes ? Par exemple entre l'Europe et l'Afrique. Selon Hegel, l’histoire est le jeu d’une dialectique dont se sert la Raison pour se réaliser, autrement dit l’histoire selon lui est un processus d’auto réalisation de l’Idée, dont la fin est la liberté humaine. Fidèle au courant de pensée de l'Aufklärung, sorte d'équivalent des "Lumières", le philosophe présente l'histoire philosophique de notre civilisation dont le moteur principal serait la Raison. L'histoire du monde prend la forme d'un « tribunal » où les sociétés et les peuples particuliers comparaissent dans le mouvement général de « l'esprit » qui se réalise et prend connaissance de soi.
L'histoire du monde n'est pas le lieu de la félicité. Les périodes de
bonheur y sont des pages blanches.
C'est très simple finalement malgré l'usage de concepts et de raisonnements parfois complexes, Hegel nous dit ceci : La civilisation gréco-romaine = usage et naissance de la philosophie et de l'Histoire + Raison = qui a engendré le christianisme quelque siècles plus tard = supériorité de l'Esprit et de l'Idée = religion qui tend vers l'Universalité objective et subjective = création de lois, d'une constitution, d'états et plus tard de nations = libertés et devoirs = progrès = Occident actuel.
La Raison serait le moteur du progrès humain car elle conduirait inéluctablement vers la liberté. Ceux qui sont rentrée tardivement ou pas du tout dans "l'ère de la Raison", comme l'Afrique par exemple ou l'Amérique du Sud (avant l'arrivée des portugais et des espagnols) accusent de retard - si on rentre dans une logique de comparaison - sur le plan technique ou culturel. Par exemple la pratique de religions cruelles et tribales (sacrifice humain) en Amérique du Sud tout au long de son histoire et encore aujourd'hui ou encore le continent africain aux nombreux peuples et tribus non structurées qui se massacrent entre eux et dont le développement technique est inexistant de même que les notions comme le droit, la justice ou la liberté permettant de se structurer, de se constituer. Cependant je me permettrai une précision concernant l'approche de l'auteur sur le concept de Raison car elle n'est pas antinomique à la religion. Hegel appuie sur cet aspect-là en affirmant que le christianisme joue un rôle majeur dans l'accès au progrès et à la liberté et qu'elle est le ciment des nations et des communautés sans laquelle la constitution d'état serait impossible.
L’histoire est le processus par lequel l’esprit se découvre lui-même
En outre, Hegel distingue quatre étapes dans le mouvement de libération de l'esprit du monde qui correspondent à quatre empires historiques :
- Le monde oriental : régime patriarcal et gouvernement théocratique, où l'individu n'a pas de droit, où les coutumes ne se distinguent pas des lois ;
- Le monde grec : apparition du principe de l'individualité, mais les peuples restent particuliers et la liberté suppose l'esclavage ;
- Le monde romain : séparation entre l'universel et la conscience de soi personnelle et privée, mais opposition de l'aristocratie et de la démocratie, les droits restent formels, l'universel est abstrait ;
- Le monde germanique : perte du monde, l'esprit est refoulé en lui-même, mais réconciliation à l'intérieur de la conscience de soi de la vérité et de la liberté, un royaume intellectuel s'oppose au royaume temporel.
Voilà ce que j'en ai compris. N'hésitez pas en commentaire à me corriger si vous constater des erreurs ou des raccourcis un peu trop audacieux. L'approche des différentes civilisations qu'effectue Hegel en toute fin d'ouvrage pourra rebuter une partie des lecteurs en particulier s'ils baignent dans l'idée que tous les humains sont égaux et que les civilisations ne peuvent être comparées ou évaluées. En tout cas Hegel, dans la première moitié du XIXème siècle, ne s'en prive pas et nous livre une Afrique et une Amérique sans concession par le prisme de sa théorie mettant à l'honneur l'Occident et son empreinte indéniable sur le monde. Sans même adhérer aux thèse de l'auteur, La raison dans l'histoire est un ouvrage majeur dans l'histoire des idées. Marx ne dirait pas le contraire...