Sans doute l'ouvrage le plus accessible de Hegel.
Est présenté le chemin de l'Esprit - on dirait aujourd'hui la "conscience collective" - au cours de l'histoire. Ce chemin est comparable à celui de la conscience de l'individu grandissant. De même que l'individu apprend à se connaître en grandissant et en se confrontant à la vie, de même l'humanité progresse-t-elle, au travers des épreuves, dans sa compréhension du monde et d'elle-même. Le but, c'est d'atteindre à la compréhension complète de tout : que l'esprit connaisse et se connaisse.
Qu'est-ce que se connaître, pour l'esprit ? C'est se connaître comme raison - c'est-à-dire comme auteur et sujet de lois universelles. C'est seulement lorsque l'esprit agit rationnellement qu'il est libre, car il se détache par là de l'instinct irréfléchi et inconscient pour agir de façon universelle, c'est-à-dire en fonction de raisons valables toujours et partout.
La liberté, chez Hegel, ce n'est pas faire ce qu'on veut. Au contraire : c'est agir en connaissance de cause.
On pourrait être tenté de rejeter en bloc la deuxième moitié de l'ouvrage, où Hegel propose une lecture progressiste de l'histoire. L'Afrique est le continent de la naissance de l'humanité, dit-il, l'Asie, de son enfance. La Grèce est le pays de son adolescence, et Rome, l'Empire où elle atteint l'âge adulte. Enfin, l'Europe occidentale est le lieu où l'humanité atteint le dernier stade de son plein développement, une sorte de vieillesse immortelle.
Pourtant, si on lit attentivement, on se rend compte que Hegel est le contraire d'un raciste - il dit explicitement que l'être humain se définit par son esprit, pas par son corps -, qu'il affirme clairement que l'esclavage est contraire à la nature spirituelle de l'homme, et qu'il propose des explications originales et crédibles à des faits constatables encore aujourd'hui (les remarques sur le lien psychologique entre islam et fanatisme, notamment, laissent songeur).
On recommande, bien sûr.