Maël Renouard est un philosophe, politicien, traducteur et écrivain, bien que La réforme de l'opéra de Pékin soit son seul roman. Mais vu son format, il faudrait plutôt parler d'une nouvelle.
Ce qu'il faut d'abord bien prendre en compte avec le sujet de ce livre, c'est le contexte qu’il utilise, celui de la Révolution culturelle en Chine, qui dura de 1966 au milieu des années 1970. Une mise à l'index des traditions et des arts populaires classiques afin de faire correspondre la Chine à son régime actuel, supposément « pour le peuple » et non plus pour les lettrés. Cela consista notamment en la création de nouveaux opéras, pour qu'ils soient plus proches de la réalité du pays et dont la création est confiée au narrateur.
Le début du livre nous le précise bien, il a été déchu depuis ses créations, comme tant d'autres au fil des soubresauts de l'histoire de Chine ou des décisions de Mao. Il a été mis au placard, relégué dans une région chinoise. Mais, avec une certaine fierté mélancolique, il revient sur ce passage.
Car dans cette époque où l'individualisme est suspect, où l'Art est dangereux, notre narrateur ne peut s'empêcher de ressentir une certaine émotion, une certaine fierté. Bien qu'il semble l'otage des décisions de Pékin, bien qu'il se laisse mener du sommet jusqu’au fonds du trou, il y a de l'humanité qui transparaît.
Si le livre semble documenté, il est avare en détails, et peut paraître froid. Froid par son écriture, et froid par ce qu'il arrive dans cet ouvrage, cette fatalité bureaucratique chinoise. Mais la chaleur se trouve entre ses lignes, avec ce narrateur qui ne peut pas avouer sa fierté mais que le lecteur ressentira pourtant, entre ses lignes.
Quelques pages qui se lisent en un souffle, peut-être celui de ce serviteur de Pékin.