Il ne doit en exister que deux, pas un de plus, pas un de moins. Le premier pour incarner le pouvoir, le second pour le convoiter. La Règle des Deux.
J'aurais jamais cru que ce livre porterait aussi bien son nom.
Nous nous retrouvons pour le second tome de trilogie de Dark Bane : La règle des Deux. Autant ne pas y aller par quatre chemins, cet opus souffre clairement de la comparaison avec son grand frère... (Il convoite bien, on va dire) Mais c'est mieux que Revan - mon insidieux mètre étalon à médiocrité pour cet auteur. :D
L'histoire est ici découpée en deux partie. La première est la suite directe de la Voie de la destruction. On y retrouve Bane et Zannah juste après l'explosion de la bombe psychique. Ce morceau assez banal occupe un bon tiers du roman. La seconde partie se déroule après une ellipse de dix ans et l'on retrouve nos deux loulous siths occupés par leurs affaires de Sith.
Si on a clairement baissé de niveau par rapport à la Voie de la destruction, je pense que c'est avant tout à cause d'un Bane relégué quasiment au statut de personnage tertiaire dans la seconde partie de l'histoire et au fait que Drew Karpyshyn ne sait absolument pas développé un personnage féminin correctement.
Bon ok. Présenté comme ça, ça vend pas du rêve mais je vais essayer de m'expliquer. (Je vais surement un peu spoil au passage)
A cause de son armure d'orbalisks, Dark Bane ne peut plus vraiment se montrer en public et envoie donc son apprentie en mission. Notre chère Zannah se retrouve à assumer un rôle d’héroïne et à affronter les péripéties. Ca n'aurait pas posé de problèmes si l'auteur n'avait pas construit Zannah comme n'importe lequel de ses personnages féminins ayant une incidence sur les événements de l'histoire : une "bonasse intelligente sans background".
Un exemple ? Voici la description de Dark Zannah une fois que celle-ci est arrivée à l'age adulte.
Zannah se tenait immobile dans un coin isolé de la place, et elle s’efforçait de ne pas se faire remarquer. La tâche n’était pas des plus aisées, car si elle était de taille moyenne sa beauté frappait immanquablement les esprits. Elle devait donc prendre certaines précautions quand elle ne souhaitait pas attirer les regards appréciateurs des mâles ou les coups d’œil envieux des autres femmes. Aujourd’hui, elle s’était vêtue d’une ample cape noire qui la recouvrait de la tête aux pieds et brouillait les contours de son corps mince et athlétique. La capuche était rabaissée pour dissimuler sa longue crinière blonde, et dans le même temps elle masquait ses traits et l’éclat féroce de ses prunelles.
Tiens, c'est marrant... Ça me rappelle quelque chose... Githany ? C'était quoi ta première description physique déjà ?
Elle était de taille moyenne, mais c’était bien la seule chose la concernant qui pouvait être définie de moyenne. Ses longs cheveux noirs comme le jais tombaient sur ses épaules. Son visage et ses traits étaient la féminité incarnée, ses yeux verts, encadrés d’une peau cuivrée, brûlaient d’un feu qui suggérait à la fois un avertissement et une invitation. [...]
Kopecz avait vu de nombreuses femmes splendides dans son existence. Plusieurs des Seigneurs Noirs de sexe féminin présentes sous la tente étaient à la fois réputées pour leur beauté incroyable et leur pouvoir dévastateur. Mais lorsque la jeune Jedi se rapprocha, il ne parvint pas à la quitter des yeux. Elle dégageait quelque chose de magnétique, qui transcendait la simple attirance physique.
C'est aussi valable pour Kahlee Sanders dans le roman Mass Effect : Révélation. Et le seul personnage féminin qui n'a pas mérité d'être une jeune femme de taille moyenne athlétique et bonne est Meetra aka L'Exilée de Kotor 2 :
Meetra avait des cheveux bruns coupés court, la peau très blanche et des yeux d’un bleu perçant. Elle était plus grande que Bastila, et plus âgée de presque une dizaine d’années, quoique toujours belle selon les critères en vigueur. Elle possédait une présence forte, et une assurance évidente, le tout rehaussé par une grâce naturelle enviable. Elle portait la tenue simple des Jedi, et pourtant elle réussissait à la rendre presque élégante.
(Notons ici qu'en plus Meetra se rapproche dangereusement de sa date de péremption.)
A coté de ça, on a un Bane, colosse chauve de 2m (à cause de sa jeunesse dans les mines) et un Revan aux traits quelconques. Voilà où le premier bat blesse, les personnages masculins de Drew ne sont pas obligatoirement des canons de beauté et cela ne les empêche pas de transpirer de charisme par tous les pores de leur peau. Tandis que toute femme ayant un impact sur l'histoire se retrouve à répondre à certains critères de beautés.
En outre, Bane (et je l'ai adoré pour ça) a eu le droit à un traitement en profondeur. Ayant grandi sous le joug d'un père violent, ployant sous des dettes ne lui laissant que peu d'espoir de pouvoir un jour quitter les mines dans lesquelles il détruisait sa santé (une forme légale et cynique d'esclave), le côté obscur sera véritablement son salut. C'est La cause qui lui permettra de se sortir de cette vie servile et lui laisser la possibilité de devenir le maître de son destin. Et il est génial pour ça. C'est tout ce qui donne la force de la Voie de la Destruction.
Ici, dans la Règle des deux, on a Zannah et... Euh... Bah... Vu son passif, elle n'a rien à transcender. Un jour, elle devra botter le sombre arrière train de son maître. Mais c'est pas dans ce roman que ça se passe. Donc y'a pas grand chose à développer sur elle. Karpyshyn multiplie les points de vue des antagonistes pour donner de la consistance à une histoire pas franchement folichonne.
Voilà voilà. C'est dommage. Je pense que ce roman aurait pu être bon s'il n'avait pas été aussi creux. Et il n'aurait pas été aussi creux si Zannah avait réellement eu quelque chose à dépasser. Là, on ne fait que la suivre vaguement au travers de quelques péripéties sympathiques mais pas géniales.
Mais c'est toujours mieux que Revan ! :D