Pourquoi est-ce que La règle du crime, deuxième volet de la trilogie harlémite de Colson Whitehead, fonctionne t-elle beaucoup moins bien que Harlem Shuffle ? Pour les mêmes raisons que pour la plupart des suites de films à succès : l'attrait de la nouveauté a disparu et des recettes identiques incitent à éprouver un air de "déjà vu." Pourtant, le Harlem des années 70, en pleine déliquescence, est encapsulé par l'auteur de manière très cinématographique, avec moult détails, et poinçonné par un humour constant. Mais il s'agit d'une série B plus que d'une grande production ou bien, pour rester dans l'esprit, de l'équivalent à l'écrit des films de blaxploitation, pleins de vie mais quelque peu concentrés sur les mêmes thèmes et incapables de se renouveler. Ainsi, dans La règle du crime, les trois intrigues qui se succèdent manquent de liant et ne semblent qu'un prétexte à brosser un portrait, certes percutant, d'un quartier de New York à feu et à sang, feu pour les innombrables incendies criminels, sang pour les litres qui coulent sur le pavé, suite à des règlements de compte sans fin. Le héros, Ray Carney, vendeur de meubles, qui cherche, sans y parvenir, à se ranger des voitures, reste pittoresque mais chaque individu qu'il rencontre autorise le romancier à bifurquer et à digresser, selon le principe lassant des poupées russes. Les récits principaux sont ainsi contaminés par des sous-intrigues qui font presque perdre le fil avec ses multiples personnages. Attendons le dernier tome de ce triptyque pour juger l'ensemble mais Colson Whitehead serait bien inspiré de coller davantage aux basques de Ray Carney pour susciter le même plaisir de lecture que dans Harlem Shuffle.

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