Que connaissez-vous de l'univers des couvents ? De nos jours déjà, et plus encore au XVIIIe siècle ? Allez, soyez francs ; vous n'y connaissez rien, ou si peu. Parce qu'on n'étudie jamais ce genre de choses.
Diderot nous en offre une peinture saisissante, et bien plus, terrible. La vie de la soeur Suzanne, religieuse malgré elle mais pour des raisons bien plus profondes que "je veux épouser Machin" ; une femme intelligente, pure, droite et tendre qui se trouve dans trois couvents successifs avant de réussir à fuir.
La vie de cloître y apparaît comme inhumaine, entre médisances et perversions (vis-à-vis de l'état religieux j'entends), horreurs et douceurs interdites, à travers les yeux de la pauvre Suzanne qui souffre mille maux et, dès qu'un rayon de soleil apparaît, sa vie bascule de nouveau.
On trouve dans ce roman sublimement tragique (j'ai versé quelques larmes) de Diderot une vive critique des couvents, un éclairage sur l'athéisme dudit Diderot, des thèses philosophiques sur la condition de l'homme en opposition à Rousseau... On n'ose pas même croire à la vraisemblance du récit, bien qu'il soit inspiré d'une histoire vraie, tant il est terrifiant.
C'est bien simple, en refermant La Religieuse, on n'a plus qu'une envie : d'aller, comme le dit un critique de l'époque, brûler tous les couvents.
Ajoutons enfin que c'est extrêmement bien écrit, on ne s'ennuie jamais, et toujours on vit et souffre avec Suzanne.