Nobles lecteurs, nobles lectrices, ce qui suit révèle des moments-clés de l'intrigue (le § 4).
1) Oh la pauuuuuuuvre 'tite toute jolie jeune jeune fille qu'on force à entrer au couvent ! Tout est fait pour attiser la sympathie du lecteur envers Suzanne, et nourrir avec elle son rejet de l'appareil religieux.
2) Voilà une courageuse critique en règle de la règle religieuse par l'ami Denis ! Laissons les aspects lacrymalo-lourdingues à souhait (bien simple, on dirait du Hugo au mieux de sa forme), saluons le pamphlet politique !
3) Et puis vient le sérieux doute. Au milieu de la critique en règle, y'a quand même une scène carrément explicitement parfaitement érotique. Tout à coup le pamphlet verse dans le conte libidineux pour pervers un peu ramolli du chibre, et ça a le même effet sur l'efficacité de la critique.
4) C'est pas fini ! Après les déboires du ciboire et l'histoire masturbatoire point le canular épistoloire ! Dans la version de Wikisource que j'ai lue (une édition de 1875-77) figure « un extrait de la correspondance de Grimm », lequel explique que toute l'aventure est juste un traquenard de Diderot et comparses pour convaincre un de leurs amis de revenir s'installer à Paris ! À l'origine il s'agissait d'un échange de lettres entre Diderot et cie (se faisant passer pour Suzanne) et le marquis de Croismare auquel Suzanne demande aide et protection (un scam, quoi). Le marquis serait tellement tombé dans le panneau qu'il a fallu faire mourir la Suzanne pour qu'il se calme. Avec la mort de Suzanne arrive un « mémoire » qu'elle préparait pour narrer son infortune – c'est le roman qui s'intitule #La Religieuse. L'édition de 1875-77 est d'avis qu'il importe de rappeler ce contexte (quoiqu'après le texte), mais tous ne sont pas d'accord.
Et vous, lecteur, quelle version avez-vous eue en main, et qu'auriez-vous préféré lire ?