C'est peut-être de ma faute : je n'ai pas lu les premiers épisodes de l'histoire de Claudine, et voilà que, tout à trac, j'entre dans sa vie au moment où elle se retire des affaires. Sentimentales, s'entend. Cela explique peut-être que j'aie eu le plus grand mal à m'attacher aux personnages : la narratrice, tout imbue d'elle-même, pénible avec ses amies et son chien, à côté de la plaque parce que son mari malade est en cure et tarde à revenir, et sa copine Annie, lymphatique en diable mais un peu nympho sur les bords en dessous de sa carapace mollasse. Tout tourne autour des confessions que Claudine lui extirpe, un peu par jeu; voilà que la faible Annie est en fait une dévoreuse implacable de chair fraîche, prête à tous les avilissements pour avoir sa portion. Face à elle, Claudine se pose en vestale de l'amour vrai, en une posture très peu vraisemblable si j'en juge par les allusions à peine déguisées auxquelles elle se livre, quand elle ne joue pas les entremetteuses pénibles à dessein en mettant dans les pattes de sa languissante amie le jeune Marcel, dont les goûts ne le porteraient pas naturellement à se poser sur ces girons-là. Au final, la lectrice que je suis n'a pas passé un bon moment, en cette compagnie oisive et peu encline à manier les concepts élevés, pour le formuler comme ça... L'histoire m'a semblé vaine, à peine rehaussée de ci de là par de jolies considérations sur la flore ou la faune. Rien à voir avec le très dense et très profond et très enlevé Chéri, en somme...