Je lis la série des Claudine à rebours, en commençant par la fin. Mais je commence aussi sûrement par le plus mature et le plus "Colette" de toute la série : elle est enfin divorcée de Willy, et peut s'émanciper et explorer d'autres territoires (littéraires, mais pas que). Bon en fait ma vision de Colette est encore très parcellaire et j'ai conscience qu'il faudra lire les premiers tomes pour bien comprendre le développement du personnage.
La Claudine mature de La Retraite sentimentale, moi je l'adore : elle a du dédain pour des choses pas si évidentes (la maladie, la maternité), elle aime ses bêtes et les autres l'agacent vite, elle joue gentiment avec Annie et son feu-au-cul, son "beau-fils" Marcel qui l'encombre plus qu'autre chose, et aime le Renaud des beaux jours sans trop s'appesantir sur ses derniers moments. On sent la force et l'indépendance d'esprit de cette femme. J'ai envie de connaître son histoire maintenant.
Tout en étant très ampoulée et donc enpatchoulée dans des artifices de fleuriste, la plume de Colette est grivoise comme on l'attend d'elle : cette retraite sentimentale pour Claudine, c'est, côté face, les confessions pimentées d'Annie, l'amie vagabonde qu'elle accueille dans sa campagne, et qui confesse avoir le diable au corps depuis son divorce. La petite fille modèle déploie timidement des anecdotes osées, et c'est un régal. Claudine reste sage mais personne n'en perd une miette !
Si quelques divagations patchouliennes (oui certaines pages en avaient pour moi presque l'odeur tant c'était emprunté et début de siècle dans l'écriture) m'ont un peu ennuyé, j'ai adoré le final, une belle évocation de la vie amoureuse et de... je n'en dis pas plus, mais quel beau final pour une série que je me dois de commencer correctement maintenant.