Les précieuses éditions Bleu et jaune nous offrent avec La Rivière un premier roman d'une autrice lettone, Laura Vinogradova, dont la brièveté et la simplicité de style servent une narration fluide, dont la douceur apparente décrit pourtant un personnage fissuré de partout. Dina, 37 ans, vit sans sa sœur disparue depuis 10 ans, et sans sa mère, dont on apprendra au milieu du livre où elle se trouve. Quant à son père, qu'elle n'a jamais connu, il vient de mourir et c'est dans sa maison, à la campagne, près d'une rivière, qu'elle vient panser ses blessures, certaines datant de l'enfance, et peut-être retrouver le goût de vivre. Cette femme qui recherche la solitude et se révèle méfiante vis-à-vis de ses prévenants voisins va t'elle baisser les armes, accepter enfin le deuil de sa sœur et se reconnecter aux autres ? Malgré ou à cause de ses phrases courtes, de sa précision dans la description des gestes du quotidien, de son élégie discrète d'une nature apaisante, La Rivière est une lecture dense et profonde qui sait aussi portraiturer ses personnages secondaires en quelques mots seulement et exhale les parfums de la détresse et de la mélancolie avec une certaine grâce. La romancière se révèle également, l'air de rien, capable de nous surprendre dans le cheminement de Ruta, laquelle, avare de ses mots, est une héroïne aussi insaisissable et faussement passive, qui a compris que sa guérison passait finalement par la bienveillance de ceux qui l'entourent et par sa propre acceptation d'une vie qui doit regarder vers l'aval plutôt que vers l'amont.

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le 26 nov. 2024

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