Parfois le chemin est dur !
Je ne peux pas dire que "La route" soit un mauvais livre. Ce serait un poil exagéré. Mais il faut quand même du courage pour arriver au bout ! Y étant péniblement parvenu, je ne peux m'empêcher de penser que le prix Pulitzer n'est pas attribué de façon très objective (cadeaux entre littérateurs pour services rendus ?). Parce que dans le genre récit post-apocalyptique il est très facile de trouver bien mieux (lire "Metro 2033" de Dmitry Glukhovsky, "Vers la lumière" d'Andreï Dyakov, certes plus récents, ou "Survivors" de Terry Nation par exemple). Le style haché est quasiment insupportable à lire. L'accumulation des "et" a déjà été évoquée par beaucoup de critiques, ainsi que l'absence de ponctuation spécifique dans les dialogues, qui n'apportent rien au récit. Sauf si l'objectif était de rendre exprès la lecture fastidieuse pour que le lecteur ressente à quel point il était difficile de progresser sur la fameuse route vers le sud. Autre défaut d'écriture, à mon humble avis, les descriptions très techniques et guère enrichissantes de petits objets du type verrous ou réchauds, devenus une des préoccupations principales des protagonistes dans leur lutte pour la survie. Pour finir sur le style, je n'ai pas apprécié certaines références sentencieuses à la religion. Par exemple, je me souviens d'une phrase du type (je n'ai pas le livre sous les yeux) : "... un flocon de neige tomba sur son gant telle la dernière hostie de l'ère chrétienne." Perso, ce genre de phrase me fait totalement décrocher d'un livre.
Concernant l'histoire elle-même, et bien il ne s'y passe pas grand-chose. Le père et son fils (anonymes tous les deux) descendent vers le sud en traversant des contrées apocalyptiques pour aller passer l'hiver sous des cieux plus hospitaliers. Pourquoi n'y avaient-ils pas pensé avant alors que l'apocalypse a eu lieu il y a des années ? Le mystère demeure. Les paysages se limitent à des arbres brûlés couverts de suie et/ou de neige. Tout est noir et gris, en ruines, sans vie et en somme sans intérêt. Pourquoi toute la surface de la Terre a brûlé on ne le sait pas et, même si l'information n'a pas besoin d'être divulguée pour rendre un récit post-apo intéressant, on se demande tout de même ce qui a pu à ce point annihiler toute forme de vie et surtout pourquoi quelques êtres humains ont réussi à survivre sans être terrés au fond d'un bunker. Le background n'est en somme pas très crédible et l'univers décrit n'a rien d'un wasteland au mille dangers qui eût été autrement plus fascinant. Le duo passe les 250 pages du livre à chercher de la bouffe et des pompes en zigzaguant entre des groupuscules (rares) de mercenaires cannibales/violeurs avec lesquels ils n'interagissent presque pas. J'aurais aimé un peu plus de réflexion sur l'Homme et ses tentatives de réappropriation d'un monde en ruine. Puisqu'il n'y a plus de plantes, donc plus de production d'oxygène, et plus d'animaux à part trois clébards et quelques humains, de toute façon les survivants sont condamnés. Conclusion M. McCarthy ? Ben, rien. Même pas la promesse d'une terre préservée nichée au fond d'une vallée encaissée.
Pour finir, je conseillerai presque de regarder le film au lieu de lire le livre (un sacrilège je le sais). Le long-métrage suit à la lettre la trame du roman et vous prendra un peu moins de temps pour le même résultat. Le film est très bon dans la mesure où il retranscrit parfaitement à l'écran les images qui défilent dans la tête du lecteur du livre tout en épargnant au spectateur une prose aussi prétentieuse qu'ennuyeuse.
Je mets tout de même trois, car je peux comprendre que certains aient aimé. Mais personnellement, les choix artistiques de l'auteur m'ont laissé de glace et si l'ouvrage avait fait deux cents pages de plus, je ne l'aurais pas terminé. On peut néanmoins lui reconnaître le mérite de donner envie aux critiques de s'exprimer !