Est-ce que vous portez le feu ?
La Route est l’histoire d’un Homme et de son fils qui ont survécu à l’apocalypse ayant eu lieu il y a des années de cela. Poussant leur caddie, contenant leur maigre réserve de nourriture ou d’outils, ils tentent de rejoindre le sud, afin d’échapper au froid meurtrier.
McCarthy livre une œuvre magnifique, mais pourtant dénué de joie. Le livre ne comporte que des paragraphes, de tailles variantes, mêlant paroles et actions dans un style brut. Comme le roman de Kerouac, flot ininterrompu et sans chapitre, le cheminement de ces deux êtres suit un chemin qui ne sera coupée que d’une simple interligne, donnant un style propre et parfait pour l’œuvre.
L’Homme représente celui qui a été le passé, celui qui a pu vivre dans le monde avant qu’il ne soit ainsi, alors que l’enfant n’a jamais connu cette ancienne civilisation.
Tout au long de cette aventure, ils croiseront la route d’autres êtres ayant survécus, du convoi armés, chassant ceux comme nos deux compagnons de route, à la mère mangeant son nouveau-né afin de survivre. «Et nous, on sera toujours les gentils ? » demande l’enfant à son père lors de ces rencontres.
Les pages se tournent et peu à peu, l’Homme faiblit tandis que l’enfant grandit. Il tente de le protéger de cette réalité, de garder l’innocence de l’enfant intacte, mais il n’y arrivera pas, mais l’enfant l’aidera à son tour à garder son humanité, comme ce passage avec le vieil homme. « Ne me remerciez pas moi, remerciez le lui. »
L’Homme tousse, et depuis longtemps, nous savons, inconsciemment, comment cette histoire se terminera, mais on refuse d’y croire, on ne veut pas que cette idée devienne réalité pour eux. Alors, on espère, et la situation empire. Une nouvelle lueur dans l’obscurité nous redonne du courage, et le vent souffle et l’éteint. Encore une fois, la lueur se rallume pour définitivement s’éteindre. Alors, l’enfant est près, l’enfant n’en est plus un que d’apparence. « Il ne se retourne plus. »
Je n’ai pas, depuis bien longtemps, dévoré un livre comme ceci. Captivant et enivrant, La Route s’invite et offre son futur couvert de cendre, un futur gris et terne. Un futur mort.
Reste toujours cette route, traçant à travers les bois calcinés et les ruisseaux asséchés, pour peu qu’il y ait encore un Homme pour la fouler. « Quand on sera tous enfin partis alors il n’y aura plus personne ici que la mort et ses jours à elle aussi seront comptés. »