La Route de l'Ouest est le second volume de la saga The Big Sky de A.B. Guthrie. Si le premier, La Captive aux Yeux clairs, nous montrait la vie des trappeurs américains en 1832, celui-ci se focalise sur un convoi de pionniers quittant le Missouri pour s'installer en Oregon en 1845. Le lien entre les deux livres est le personnage de Dick Summers.
Trappeur dans La Captive, il se convertit ici en guide du convoi dans un récit qui tient à être le plus réaliste possible au niveau des événements décrits, évitant toute scène spectaculaire ou sensationnaliste. On suit les colons au jour le jour, vivant leurs tracas quotidiens, ce qui est fort pertinent car au final, la plus grande difficulté du voyage n'est pas la menace indienne (quasiment inexistante) mais tout simplement l'usure. Les jours s'enchaînent et se ressemblent, donnant l'impression de se trouver dans un purgatoire duquel on ne sortira jamais. Seule la nature capricieuse apporte un peu de changement au niveau du décor, obligeant les pionniers à traverser forêts, plaines ou déserts.
En parlant des pionniers, l'auteur n'en laisse aucun sur le carreau, chaque chapitre se concentrant sur l'un d'eux en particulier et sur sa petite vie à l'intérieur de cette société nomade (il faut d'ailleurs près de 200 pages pour avoir une vue globale de l'ensemble des personnages). Bien évidemment, au cours de ce long périple, des liens vont se tisser ou se rompre, et ce au travers de multiples événements : tensions entre le capitaine du convoi et ses sujets, émois amoureux de jeunes adolescents (l'un des plus beaux segments du livre), etc...
Bref, avec l'écriture lyrique qui le caractérise, A.B. Guthrie adopte une approche à hauteur d'homme pour nous présenter l'une des périodes majeures de l'histoire des Etats-Unis, symbolisée par le fameux dicton « Go to the West ». Il est d'ailleurs intéressant de constater que si les pionniers ont de nombreuses raisons de se rendre dans l'ouest (quête de fortune, patriotisme), la véritable est avant tout un goût pour l'aventure et la découverte de nouvelles contrées.