J'aurais peut-être mieux fait de commencer par lire "La volonté du dragon". Car cette route de la conquête vient ensuite, dans le cycle d'Evangélyre. Que j'ai d'ailleurs entamé par son troisième et dernier ouvrage, l'excellent "Port d'âmes". Mais ce dernier, sans aucun problème, peut se lire en direct. Tout de même, contrairement à mes bonnes habitudes, j'ai pris ce cycle à l'envers. Et le problème, c'est qu'il semble y avoir une continuité directe entre le premier bouquin (La volonté du dragon, donc) et celui-ci. Car l'univers de cette planète (magie, technologie Asreth) est assez complexe à appréhender et, là, j'ai plongé droit dedans alors qu'il me manquait certainement quelques prérequis.


Je dois reconnaître que je me cherche ainsi peut-être des excuses de ne pas avoir apprécié ce bouquin autant qu'il me semble que j'aurais dû le faire. Pour nuancer un peu le propos, disons aussi que ce sont des nouvelles et que je les ai trouvées inégales. Inégales en longueur certes, mais également en termes de plaisir à la lecture. La première, qui donne son titre au bouquin, est de loin la plus longue - c'est presque un petit roman - et à mes yeux la meilleure. Bien que ce soit la suite directe de "La volonté du dragon", comme quoi... La seconde (Au-delà des murs) et la quatrième (Bataille pour un souvenir) ont le même cadre, mais auraient peut-être gagnées à être mixées dans un récit à deux voix: difficile d'apprécier pleinement la première des deux sans avoir lu son homologue. La sixième et dernière (Quelques grammes d'oubli sur la neige) s'inscrit dans un cadre historique tout à fait différent et est plutôt réussie.


En dépit de cette hétérogénéité, l'ensemble parvient à former un tout cohérent, évoquant l'essor puis la chute d'une civilisation (l'Asreth) à la technologie avancée soumettant, sur des siècles, des peuples considérés comme attardés, mais aux traditions puissamment établies. Evoquant seulement, car on ne peut décrire des siècles d'histoire d'une immense planète en six nouvelles et en 350 pages. Il est néanmoins difficile de ne pas y voir de message, d'autant que l'Asreth, investie d'une mission à caractère quasi mystique - cette fameuse volonté du dragon, justement - prétend faire oeuvre civilisatrice et apporter bonheur et progrès à ceux qu'elle soumet. Il n'y a pas à dire, c'est bien vu et l'on pense très fort aux peuples amérindiens. Voire aux pays que l'on qualifiait, il y a quelques décennies, de sous-développés. Mais, comme toute civilisation, l'Asreth connaitra sa grandeur, puis sa décadence.


Enfin, comme dans Port d'âmes, Davoust excelle autour des thèmes de la mémoire et des souvenirs, qu'il utilise avec talent et énormément d'imagination. Et l'on sent bien, dans quelques unes des nouvelles de ce bouquin, les germes et la gestation du suivant (Port d'âmes, donc) qui ne sera finalement publié qu'une seule année plus tard. Et qui sera, à mon avis, une franche réussite. Et là, bien que n'ayant pas encore lu "La volonté du dragon" (distingué aux Imaginales 2010), il me vient à l'esprit que "La route de la conquête" est peut-être une simple transition entre deux morceaux de choix.

Marcus31
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le 3 nov. 2019

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