Des souvenirs peut-être trop éparpillés pour en laisser au lecteur ?

Cinq minis-essais / morceaux d'autobiographie écrits par Italo Calvino entre 1962 et 1977, puis rassemblés en un ouvrage posthumement. De manière générale, ces 5 écrits sont censés avoir pour point commun le thème du souvenir, comment il parvient dans l'esprit de celui ou celle qui l'a vécu, et aussi comment l'évoquer.

• La Route de San Giovanni plaira à ceux qui veulent découvrir la vie en Italie, entre ville et campagne, près de la frontière française, vue par l’œil d'Italo Calvino rétrospectivement enfant/jeune. J'ai adoré ce récit pour ces raisons-là, mais il y avait de trop nombreuses descriptions, qui ont rendu ma lecture pesante.


• Autobiographie d'un spectateur touchera les passionnés de cinéma, revenant sur l'histoire particulière de Calvino avec les salles obscures (ou en plein air), et donnant ses références dans ce domaine. Une lecture agréable aussi, même pour ceux qui n'y connaissent rien (tiens, moi ? non...)


• Souvenir d'une bataille transmet son vécu en tant que résistant antifasciste et nous plonge dans la tête, dans les yeux, dans la peau d'un combattant parmi d'autres, où transparaissent donc surtout les sensations physiques, les douleurs, les choses vues ou imaginées, les pensées fluctuantes qui partent dans tous les sens (tel que nous pensons dans la réalité). Super intéressant aussi.


• La poubelle agréée part de son ressenti de videur de poubelle officiel de sa maison, pour développer ensuite d'une manière assez amusante l'Histoire des poubelles, leur fonctionnement, les engrenages qui les rendent possibles, etc. Joliment abordé.


• De l'opaque est un mélange entre une dissertation de philo, de physique, de chimie ou de mathématiques. (j'ai l'air d'avoir tout compris hein ?... désolée, d'autres le résumeront mieux que moi)

Vu comme ça, en me remémorant les quatre premiers récits pour les résumer, je trouve que cette lecture aurait l'air originale voire impactante. Mais la vérité, je ne peux toujours pas me le cacher, c'est que je me suis plusieurs fois ennuyée. C'est parfois longuet ; tout tarabiscoté pour pas grand-chose. Ça ressemble un peu à des exercices personnels, des défis d'écriture, ayant pour but de travailler/dévoiler son style, introduits par une consigne comme "allez, on lance le thème : les poubelles". Dans ce contexte-là, si j'étais dans un club d'écriture et que quelqu'un avait produit ça, oui, j'aurais trouvé son écrit génial. Mais là, dans ce recueil, comme ça, par hasard, ça a pris moins de sens. Ça reste intéressant par moments, mais pas passionnant, pour moi.