Ambiance très psychédélique pour la première partie de roman, où notre héroïne , une jeune femme loin d’être sotte, a cependant  besoin de paradis artificiels, apothéose de ses semaines, pour apprécier la vie. 

« Dans la vie, Victoire ne veut rien, rien d'autre qu'attendre le week-end »

La dépendance est là, qui rend tout le reste d’une fadeur insupportable. Pourtant les signes avant-coureurs d’un naufrage annoncé sont là, désintérêt pour le travail, perte de son emploi, solitude de plus en plus mal vécue. C’est paradoxalement  à la piscine qu’elle tentera  de s’en sortir. C’est d’ailleurs là qu’elle rencontrera celui qui la soutiendra et la sortira de l’impasse où elle s’était enfermée.


 "Elle sait aussi que cet amour est ténu et fragile et qu'il repose sur des illusions que chacun s'est promis de ne jamais mettre à jour. Voilà le secret d'une famille unie, se dit-elle. Se mettre d'accord sur un récit qui n'incommode personne"

Malgré tout les questions surviennent, celles qu’elle avait occultées : la maternité, la famille, l’avenir … Le refuge bienfaisant qui l’abrite sera t-il suffisant pour réellement quitter cet enfer ?


« La vérité, c'est que la drogue ne l'a plus jamais vraiment quittée. 10 ans qu'elles cohabitent, par intermittence, comme une relation un peu compliquée, comme un ex à qui on dit, sans y croire que tout est terminé, et qui revient, séduisant, ripoliné, flatteur, promettant tout. »

J’ai éprouvé de l’empathie pour cette jeune femme, encore une fois plutôt réfléchie et à l’avenir prometteur. La logique qu’elle défend est bien entendu un peu viciée par la dépendance, mais elle a le mérite de pointer avec une acuité lucide les maillons faibles de notre société dans son  fonctionnement ordinaire.


Un regard extrêmement  lucide aussi sur le monde le monde de la nuit et cet emprise des drogues, tout à fait comprise, mais imparable. Une écriture affirmée, un ton vindicatif , un style convaincant pour ce premier roman. Un parcours de solitude qui n’a trouvé son remède palliatif que dans un piètre subterfuge. Fuir la réalité ne la fait pas disparaître…

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