C’est sur le ton d’une élégie que Kamel Daoud donne la parole à Aube, rescapée d’un massacre lors de la guerre civile en Algérie dans les années 9à. Rescapée mais muette, une décapitation ratée. Muette, vivante métaphore de la parole interdite aux femmes. Pourtant les pensées se succèdent dans ce dialogue intérieur avec l’enfant qu’elle porte, future fille fantasmée, à moins que le fantôme de sa soeur assassinée ne lui intime de mettre fin à cette promesse de vie.
Sur le trajet vers le lieu de l’infamie, d’autres témoignages tenteront de lever le voile sur ces années d’horreur, que les autorités voudraient balayer d’un coup d’amnésie, alors de tant de questions se posent encore.
C’est un magnifique texte, d’un lyrisme déchirant, qui nous emporte au coeur de l’invraisemblable. On salue bien sur le courage de l’auteur, qui risque lui aussi sa vie pour oser parler de la vérité.
C’est peut-être un peu long, peut-être en raison des répétitions, qui, même si elles donnent ce caractère poétique à la prose, alourdissent quels peu le propos.