Après une vingtaine de pages, Houris de Kamel Daoud déçoit déjà, malgré mes attentes élevées en tant que lectrice passionnée et exigeante. Le style de Daoud se veut poétique et profond, mais il tombe dans une lourdeur pompeuse et faussement élégante. Les phrases s’étirent en métaphores creuses – le miroir, les deux langues – sans véritable profondeur ni impact. Tout semble conçu pour l’apparence, mais manque cruellement de substance psychologique.
Le récit met en scène une narratrice qui souhaite avorter, mais cette voix féminine sonne faux. En tant que femme, je ressens une distance presque gênante par rapport à ce personnage qui se veut féministe, mais qui tombe finalement dans une caricature bien connue. Le stéréotype de la mère qui aime son enfant mais qui décide d’avorter pour le protéger manque de nuance, de complexité, de profondeur. Cela donne l’impression d’un « faux féminisme », où l’auteur, bien que peut-être bien intentionné, ne parvient pas à traduire la réalité psychologique féminine avec authenticité.
Il y a quelque chose de dérangeant dans cette façon qu’ont certains écrivains hommes de s’approprier des voix féminines sans les enrichir d’une réelle introspection. Houris se donne des airs de littérature engagée, mais semble répondre davantage à une mode qu’à une véritable réflexion littéraire. Cette tendance « politiquement correcte » pourrait expliquer en partie le choix du prix, ce qui laisse un goût amer face à une littérature algérienne pourtant pleine de trésors.
Pour un portrait authentique et puissant de la littérature algérienne, je recommanderais Maïssa Bey, qui excelle dans l’art de la poésie engagée et féministe, ou l’anthologie de la poésie algérienne de Jean Sénac. Comparé à eux, Houris apparaît bien terne et superfétatoire.