Y'a une saison pour les oranges ?

L'histoire se passe peu de temps avant la toute première nouvelle "Le sorceleur", qui je le rappelle, est temporellement parlant la toute dernière du premier recueil appelé "Le dernier voeu".
Geralt, peu après son arrivée à Kerack, se retrouve emprisonné par ce qui semble être une manoeuvre politique pour une durée de quelques jours, et découvre que ses épées de sorceleur lui ont été dérobé. Ce qui tombe plutôt mal étant donné qu'il est très fortement sollicité à la fois par le prince Egmund qui craint un régicide lors du prochain mariage de son père, et par les magiciens de Rissberg confrontés à une situation qui semble plus ou moins échapper à leur contrôle.
Geralt se retrouve donc contraint d'assumer à la fois deux quêtes de la plus haute importance et la recherche de ses armes...

Avant de commencer ma critique je préfère mettre les choses au clair; Je suis énormément fan de l'oeuvre de Sapkowski, contrairement à une certaine majorité, j'ai lu les bouquins avant de m'attaquer aux jeux-vidéos. Pour le moment je n'ai d'ailleurs fait que le premier.
Je la rappelle, le dernier tome de la saga est sorti en 1999 en Pologne, l'auteur n'avait pas touché à l'exceptionnelle histoire de son sorceleur depuis 14 ans. Il a fallu un peu moins de deux ans pour que La saison des orages nous parvienne en France.
J'avoue honteusement avoir suspecté une sorte de gêne de l'auteur, de voir les adaptations de CD Projekt avoir plus de succès que ses romans, qui aurait écrit ce huitième tome pour rebomber plus facilement le torse.
Il y a sans doute une part de vrai, mais du coup je m'attendais à un bouquin bâclé, largement en dessous du Sang des elfes, ou du Baptême du feu...

Je me suis enfoncé le droit dans l'oeil jusqu'au coude. Sapkowsky n'a RIEN perdu de son talent. J'ai été extrêmement heureux de constater que son écriture est toujours la même; Ces références littéraires, fictives ou non, avant chaque chapitre, cette description habile des affrontements de Geralt, cette pointe d'humour constamment apportée par Jaskier, cette ironie résignée teintant l'écriture elle-même...Il faut le lire pour le comprendre.
Le style de Sapkowsky est à la fois subtil et fluide, bien loin de tomber dans la simplicité, il fait office de signature à son écrivain.

Evidemment cela va de pair avec un scénario à la fois soigné et admirablement bien construit, mêlant rebondissements et aventure dans une univers très mature. Heureusement, on est bien loin d'un Eragon infiniment auto-censuré et simpliste. J'ai toujours pensé que Geralt était une sorte de Philosophe, le genre d'homme que j'aimerais voir en politique plutôt que les pourris qui nous gouvernent, et je n'ai toutefois pas ressenti cet aspect réellement développé dans La saison des orages. C'est le seul et unique tort que je reproche à ce chef-d'oeuvre.