« On ne fait pas rêver avec un plat de coquillettes », concédait en 2016 Émily Blaine, auteur à succès de la collection Harlequin. Commentez cette affirmation.
Le plat de coquillettes est tout à fait réaliste. C’est le plat par dépit, quand la morne réalité nous prend de court et que l’on n’a pas le temps de lui clouer le bec à coups de plats élaborés quoique trop sucrés.
C’est une construction sociétale que de ne pas rêver devant un plat de coquillettes, parce que celui qui sait très bien préparer les coquillettes, même nature, sait les apprécier à leur juste valeur. C’est une construction sociale que de ne pas oser servir des coquillettes à ses invités. On préférera la raclette par exemple, bien pire pour la santé pourtant, mais qui a le mérite dans son protocole frénétique de couvrir la vanité des discussions. Un petit coup de rouge là-dessus, et même mamie sénile semble soudainement intéressante.
San Antonio, paralittérature pourtant lui aussi, sait voir la beauté dans les nourritures ingrates. Il y a même un plat de spaghettis (et quelques moules) sur la couverture de son numéro bien nommé y’en avait dans les pates.
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Disons que, c’est vrai, les coquillettes quand on n’a pas la patate, ou qu’on a des goûts précieux, ça déprime un peu. Les coquillettes, faut se faire un peu violence pour les aimer. Apprendre à bien les cuire, apprendre à bien les manger aussi. Ça se mange al dente, mais faut bien mâcher. Mais ça a un sens, parce que les coquillettes c'est le quotidien. Et le quotidien c’est la vie qu'elle est pas toujours belle mais qu'elle est passionnante.
Je ne dirais donc pas « on ne fait pas rêver avec un plat de coquillettes », je dirais plutôt « on ne fait pas rêver facilement avec un plat de coquillettes ».
Émily Blaine comprend bien qu’elle aurait du mal à bien présenter les coquillettes, alors autant chercher à convaincre que les coquillettes c’est pas top, et qu’on a tous le droit, voire le devoir, de se manger son foie gras tous les jours comme si c'était Noël.
Pour conclure, je dirais que Emily Blaine manque de cohérence. Car si le Roman Harlequin est de la paralittérature, la coquillettes est assurément une paranourriture.
Question subsidiaire : qu'avez-vous lu qui relèverait, selon vous, de la paralittérature ?
J’ai dernièrement lu une œuvre très fortement inspirée des Harlequin, légèrement croisé avec Hunger Games. Ça s’appelle La Sélection. L’histoire d’une dizaine de jeunes femmes sélectionnées dans un monde futuriste royaliste, caractérisé notamment par de fortes inégalités sociales, sélectionnées pour vivre dans le château du Prince et tenter de le séduire pour évincer les autres et devenir la reine. Un livre sur le crêpage de chignon en somme. C’est très mauvais, je vous le conseille aussi !