Aravind Adiga est-il le plus méchant des écrivains indiens contemporains ? Le terme est un peu fort mais critique de tous les aspects et dysfonctionnements de la société de son pays, cela oui. Et ses 4 romans, depuis Le tigre blanc jusqu'à La sélection, ont une tonalité sombre et dramatique qui ne laisse guère filtrer d'espoir. Le sport national indien est le hockey sur gazon mais c'est bien le cricket qui compte le plus de fans dans le sous-continent, phénomène qui ne manque pas d'ironie puisqu'il est un héritage laissé par l'empire britannique. La sélection commence comme un roman d'apprentissage classique avec deux jeunes garçons, des frères, également doués pour le cricket et qui, malgré leur jeune âge, ont tout pour devenir les nouvelles sensations du circuit. Le tableau est complet avec un père autoritaire et abusif, un entraîneur exigeant et un mécène intransigeant. L'on s'attend à ce que l'un des deux frères monte en puissance tandis que l'autre connaitrait l'échec. Mais avec Adiga, ce n'est pas aussi simple et d'autres éléments comme la sexualité et la corruption, sans compter leur haine commune pour leur géniteur, vont passablement compliquer la donne. Le livre ne se focalise pas sur un seul personnage, même si Manju, le cadet de la fratrie, est le plus présent. Il y a un côté imprévisible dans le livre et comme l'explique justement la quatrième de couverture : "le lecteur les observent avancer, dans un perpétuel mouvement de balancier : ils gagnent du terrain, en perdent, sous le joug d’un père honni." Malgré quelques ruptures de ton déstabilisantes et quelques coquetteries de style, La sélection est un ouvrage passionnant, pas toujours aimable mais efficace et bien rythmé. Et il n'est pas besoin d'être un expert ès-cricket pour en comprendre les tenants et les aboutissants.

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le 26 sept. 2017

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