Bon roman d'anticipation politique, dont la lecture reste en tête longtemps si l'on suit la décrépitude du débat public en France.
Le style n'a pas d'intérêt, si ce n'est qu'il est efficace et sans faute de goût. J'ai apprécié les bribes de culture musulmane que le narrateur infuse au fil des réflexions et des péripéties car cela éveille la curiosité sur une autre manière de penser que l'on croise peu en SF.
Par ailleurs, le roman comporte une bonne dose d'humour noir et de cynisme, ce qui est pour moi gage d'une compréhension juste du bourbier où l'on s'enfonce. Par exemple, le Président du livre s'appelle Brandon Humbert, hommage à Nabokov doté d'un sourire colgate et de sang froid.
La fin est assez décevante et le personnage de la fille du narrateur, à moins d'être considérée comme une débile profonde (ce qui n'est pas le projet du narrateur et de l'auteur à mon avis), semble incohérente. Peut-être y a-t-il à l’œuvre une intention déceptive de l'auteur : nous montrer qu'on est foutu puisque même les collaborateurs les plus proches du pouvoir, les plus intelligents et diplômés sont capables de s'aveugler par intérêt... Néanmoins, il est cruel de démolir ainsi méthodiquement chaque personnage croisé, chaque bribe d'espoir potentiel.
On ressort du livre bien déprimé mais, d'une certaine manière, dessillé.