Totem et Tabou
Depuis plusieurs années, certains professionnels de la culture qui, dans leurs productions et prestations,occupent le terrain de manière fort spectaculaire, érigent discrètement un temple toujours...
Par
le 4 avr. 2011
28 j'aime
17
Les sophistes: d'après Platon "ils développent des raisonnements dont le but est uniquement l'efficacité persuasive, et non la vérité". Socrate les poursuivait sans relâche, car lui-même, n'étant pas dogmatique, ne recherchait que la vérité. D'après Michel Onfray, leur seul point commun, aux sophistes, c'est leur prétention à détenir la science (sophia) et à pouvoir la transmettre.
Guy Debord s'est fait connaître lors d'une conférence de presse de Charlie Chaplin pour la promotion de Limelight, en distribuant un tract qui insultait Charlot en le traitant de "fasciste larvé". Il a ensuite fait un film sans images, avec une bande son composée de phrases entrecoupées de longs silences. C'est un peu le même concept pour le livre. Des chapitres courts numérotés allant de trois lignes à deux pages critiquant "la société marchande du spectaculaire". Pas d'exemples précis pour atténuer la sécheresse du propos, aucune émission de télé de l'époque, aucune pièce de théâtre ni aucune œuvre d'art ne sont mentionnées. C'est un long tract de combat créé par un membre de l'Internationale Situationniste, un nom pompeux qui désignait essentiellement Guy Debord (et quelques potes à lui). Ce groupuscule se voulait l'avant-garde éclairée d'une révolution porteuse d'un projet de négation et de décomposition de la société. Le dépassement de l'Art, tel était le but; il faut rendre justice à Debord et ses potes, l'objectif est atteint: l'Art de cette époque est bien dépassé de nos jours. L' I.S.c'était des anarcho-marxistes, des purs et durs, aucune récupération par la société bourgeoise n'était tolérable ni toléré.
Parlons quand-même du style: des affirmations assénées au marteau-pilon, des mots-clés qui apparaissent à chaque chapitre:"société", "spectacle", "marchandise", "classe dominante", "partie, séparation" et "unité, unification" et des paradoxes qui valent leur poids de cacahuètes -le Debord est très fort en paradoxes-.
3 Le spectacle se présente à la fois comme la société même, comme une partie de la société, et comme instrument d'unification
8 On ne peut opposer abstraitement le spectacle et l'activité sociale effective: ce dédoublement est lui-même dédoublé.
Pour l'anecdote: dans les années 80 on faisait commenter de larges extraits de "La société du spectacle", pour la préparation du concours d'inspecteur à La Poste, dans un but de sélection. La Poste, qui soit dit en passant, est une boîte autoritaire, de sensibilité pas vraiment anarcho-marxiste. Vous avez dit récupération? Debord ne s'en serait pas remis!
Créée
le 3 nov. 2015
Critique lue 1.7K fois
14 j'aime
1 commentaire
D'autres avis sur La Société du Spectacle
Depuis plusieurs années, certains professionnels de la culture qui, dans leurs productions et prestations,occupent le terrain de manière fort spectaculaire, érigent discrètement un temple toujours...
Par
le 4 avr. 2011
28 j'aime
17
"Il leur faut acheter des marchandises et on a fait en sorte qu'ils ne puissent garder de contact avec rien qui ne soit une marchandise." Guy Debord, dans In Girum imus nocte et consumimur igni. "Il...
le 30 juin 2020
24 j'aime
12
Ce livre peut se lire comme une variation cryptique sur le mythe de la caverne de Platon. Avec un ajout important : les ombres (ou les apparences) que les prisonniers regardent danser sur le mur...
Par
le 6 avr. 2021
19 j'aime
15
Du même critique
J’ai bien failli faire l’impasse sur ce film mais nous étions le 31 août et il me restait deux tickets de cinéma à utiliser dernier délai, donc retour vers l’enfer du 9-3, bien planqué cette fois-ci...
Par
le 1 sept. 2019
34 j'aime
10
Le cinéma français aurait-il trouvé un nouveau souffle grâce à l'absurde ? En même temps que sort Perdrix du prometteur Erwan Le Duc paraît donc le nouvel opus de Guillaume Nicloux, Thalasso. Le...
Par
le 21 août 2019
28 j'aime
10
Similarité, identité, conformité et similitude. Le dernier opus d'Almodovar respecte ces principes. Principe de similarité Julieta est un film sur les rapports mère - fille, comme tous les films...
Par
le 1 juin 2016
28 j'aime
1