J'ai déjà fait une critique de Paulo Coelho, à propos de son ouvrage Le démon et Mademoiselle Pyrm. J'y affirmais que Paulo Coelho est incapable d'être à la hauteur des sujets qu'il traite. On ne peut donner un meilleur exemple de cette incompétence qu'avec La solitude du vainqueur.
Ici, Coelho s'attaque à du lourd : l'argent, la puissance, le luxe, l'apparat, le superficiel, le monde de l'image. Il veut en montrer l'absence de cœur, d'humanité, les dérives et l'impunité. C'est beau. C'est noble. Et il le fait à travers deux personnages : une jeune modèle rêvant de devenir actrice et un homme qui tue des gens. Je m'excuse de l'imprécision concernant ce deuxième personnage, mais Coelho lui-même n'est pas très précis quant à ce que fout ce personnage ici. Et c'est justement là que se révèle la lourdeur de Coelho. On ne comprend rien au projet.
On est bien conscient, en tant que lecteur quelque peu intelligent, que l'auteur veut critiquer les strass, les paillettes, la jet-set... Et il le fait allègrement à travers des commentaires assassins. Mais ces commentaires se retrouvent au sein d'une histoire qu'on ne comprend pas. L'histoire est un prétexte aux critiques, certes, mais elle les porte tout de même ! On ne peut la négliger.
Ici, donc, à nouveau, le projet échappe aux capacités littéraires de l'auteur. Il tient un sujet, bouillant, noble, honnête, et il n'en fait rien. Le tout retombe comme un soufflet. L'histoire est tellement mal ficelée, abandonnée, puis reprise, qu'on la perd ; le style est, lui, comme toujours impersonnel et il ne reste qu'un message tout fait et un goût d'inachevé.
Ce goût d'inachevé, c'est celui de Coelho. A la fin de ses livres, on a systématiquement ce commentaire qui s'impose à l'esprit : "Ok, il a ouvert le champ à quelqu'un qui saura écrire."