Un homme amoureux
Michelet est un sacré personnage, un exalté passionné par l'Histoire camouflé en historien à la plume exalté (ce qui n'est pas forcément un reproche). Ici il construit sa propre cathédrale païenne...
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le 15 oct. 2015
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On baiserait volontiers ce qui sort de ce petit corps si pur, dit-il des selles d'Athénaïs (p.13).
La préface nous dit que Michelet voulait manger la merde de sa femme, c'est pas moi qui le dit, c'est écrit dans son livre, faut le savoir hein, bref...
Si on fait de l'histoire et que l'on est francophone, viendra nécessairement le moment où l'on sera confronté à Jules Michelet, non pas tant pour ses qualités d'analyses, mais pour son style, le récit, où la mise en récit, étant l'autre facette du travail de l'historien.
Que n'a-t-on pas dit du style de Michelet si ce n'est que c'est un style absolument lourdingue, où ses envolées lyriques grotesques embrouillent davantage qu'elles n'éclairent quand il n'invente pas carrément des conneries pour le style qui reste bien évidemment beaucoup moins inspiré que celui de romanciers contemporains du lèche-crotte qu'était le Jules.
La première partie, sorte de long poème soporifique sur l'idée de Sorcière n'apprendra rien à personne et pourra sans doute satisfaire quelques bandeurs de littératures semi-savante que je plainds sincèrement. Personnellement, ça m'a profondément ennuyé, puisque l'une des caractéristiques des historiens du XIXe était surtout celle d'être chiants à mourir, Michelet étant bien sûr l'étendard de cette prose inutilement flamboyante que tant d'historiens de son temps se sont empressés de faire leur pour des résultats au mieux médiocres, mais toujours propice pour envoyer le lecteur dans une profonde léthargie.
La seconde partie est donc celle que j'ai préféré puisque Michelet décide enfin d'essayer de faire son travail d'historien, essayer étant le mot, puisqu'il ne peut s'empêcher de se faire semi-poète dans le même temps.
La question du style en Histoire est complexe, le style de Michelet ne me plaît pas et ne semble pas adapté pour ça puisqu'il est vite tentant de sacrifier certaines réalités pour une belle phrase. À la limite, acceptons-le. Fallait-il néanmoins tourner autour du pot sur 150 pages avant d'entrer concrètement dans les cas de sorcelleries ? Non. Dès lors, faut-il lire Michelet comme un écrivain ? Non, puisque la seconde partie qui tente de rester historique assomera les bandeurs de bons mots.
En outre, La Sorcière avec son approche hybride et diabolique ne satisfera personne, si ce n'est ceux qui restent crocher à l'idée que Michelet c'est le summum de l'écriture historique, probablement des magiciens hérétiques, ou des littéraires emmanchés d'un balai dans le fondement. (Ceci est bien évidemment une boutade et si vous avez aimé La Sorcière de Michelet, par je ne sais quel maléfice, vous me pardonnerez celles-ci dessus, autres réalités sacrifiés pour la belle phrase, vous êtes habitués)
Pas fan donc, on apprécie néanmoins l'idée de vouloir sauver la figure de la Sorcière (certes platememt) et de nous fournir quelques sources dans sa seconde partie.
Créée
le 27 déc. 2024
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