Être ou ne pas être

La Soudaine Apparition de Hope Arden n’est pas un livre qui peut plaire à tout le monde de part ses mélanges de genres et surtout son style très originale. En effet Claire North, dont je n’avais jamais lu un seul livre jusqu'à celui-ci aborde à la fois le thème de l’anticipation et du policier dans un road trip psychologique. Le livre s’aborde comme un témoignage, celui de son personnage principal Hope Arden. Il n’est donc pas étonnant de voir alterner dans la narration passé et présent. Ainsi plusieurs moments de la vie de Hope nous sont montrés, moments du passés qui viennent répondre ainsi directement à ceux du présent. On apprend ainsi comment Hope est devenu littéralement oubliable aux yeux des autres et ce qui dans le présent lui permet d’être une voleuse. Comment à t-elle eu ce don ? C’est là que rentre la dimension psychologique du récit car le personnage ne le comprend pas lui-même et au fil de l’histoire cherche à le découvrir. Claire North nous offre donc une énorme fresque introspective sur l’existence et autrui. Mais cela va plus loin, car cela se mêle à l’intrigue principale du roman, l’enquête de Perfection, c’est là que histoire prend des gouts d’anticipation. En effet Perfection est une application prenant pas à pas le pouvoir sur la vie des gens, en les conseillant sur les choix vestimentaires, alimentaires, activités quotidiennes, les transformant littéralement . Sorte de GAFAM surpuissant, Prometheus est l’entreprise derrière cela, et c’est en volant celle-ci que Hope va partir en croisade contre eux. Croisade oui, car dans cette quête pour détruire l’entreprise, le roman nous fait voyager, du Moyen-Orient à la péninsule Coréenne en passant par le Japon sans oublier la Californie et différentes villes européennes tel que Nîmes ou Venise et nombreuses villes anglaises et écossaises.

Chaque ville à son ambiance et Hope est là pour nous rappeler nombres de statistiques et de données historiques et culturelles. Oui Hope ne cesse de donner des informations sur tout ceux qu’elle voit, tout se qu’elle vit, nous sommes directement face à son esprit. Quoi de plus logique pour un personnage confronté en permanence à sa propre solitude. Comment ne pas de pas devenir fou quand l’on existe que pour soit même ? Comment exister quand le regard de l’autre ne nous reconnait pas? De trop nombreuses questions qui ne peuvent que ressurgir tout le long du récit. Cela donne un style chaotique, avec de nombreuses répétitions et interrogations, à des chapitres composés seulement de quelques phrases mais a quel point réaliste sur un personnage qui ne peut être que torturé. Pour vous en donnez une idée voici un extrait du chapitre 30 :
« Alors,je restait planté là, sans aucune notion du temps ou de lieu, de souvenir ou de distance parcourue.
Là.
Je restai plantée.
Il n’y avait rien d’autre.
Je fermais les yeux et comptait mes inspirations.
Je perdis le compte à quatre, recommencait à zéro.
Cinq,six,sept.
La pétarade d’une moto m’arracha en sursaut à ma reverie .»
Une rêverie, le meilleur mot pour exprimer le style d’écriture, pour un personnage livré sans cesse à ses pensées, donnant alors un style poétique plutôt que narratif.

Une palette de personnage vient compléter l’histoire,de l’inspecteur chevronné Luca Evard, dédiant sa vie à la capture de Hope, de Gauguin l’agent de prometheus adversaire de l’héroïne, à Filipa la scientifique aux rêves brisé par Perfection jusqu'à Byron une mystérieuse personne du dark web aux intentions floues.

En assemblant tout ça on se retrouve avec une critique de notre société actuelle, la quête de la perfection qui nous fait nous oublier nous même, la critique des grandes entreprises prêt à braver l’éthique pour le profit et une grande réflexion sur l’être et le soit, l’existence et la liberté à travers Hope. On peut reprocher cependant au livre ce coté trop déconstruit et contemplatif qui tend à faire décrocher, rendant parfois l’histoire dure à continuer surtout si l’on marque une pause dans sa lecture, sacrifiant parfois sa narration. De plus les scènes de vols et d’infiltrations assez simplistes, rendent les moyens pour arriver aux objectifs, très secondaires, alors que plus de tensions aurait put être appréciable. Les résolutions symboliques plutôt que rationnelles ne seront aussi pas du gout de tous.