Steampunk fantasy
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le 23 mars 2016
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Je ne vais pas m'en cacher, la note est dure. Ce roman ne mérite pas en dessous de la moyenne si on le lit "sans se prendre la tête" pour citer certains lecteurs de Musso. Bon je viens de vous lâcher le premier défaut majeur de ce bouquin mais pourquoi une note si basse ?
Je vais vous poser le spitch histoire que vous sachiez un peu à quoi vous attendre si l'envie vous prend de le lire. Nous avons une gentil petit groupe de trois personnages avec un elfe (qui sera notre personnage principal et narrateur), une mi-elfe mi-humaine et un troll. Bon déjà dit comme ça a priori ça pue. Les clichés reviennent, mais pourquoi pas, on peut faire du très bon à coup de cliché! Et cette fine équipe se trimballe dans une ville entre fantasy et steampunk, on évoque des mages et on voit quelques bidules styles Elizabétain, ville où ils multiplient les arnaques et chapardes en tout genre pour avoir de quoi vivre. Mais un jour un mystérieux personnage vient lui proposer un job bien plus alléchant et rentable... Notre histoire commence donc ici.
Ce qui m'a gêné profondément durant toute ma lecture tient en deux points qui sont liés. D'abord le manque de profondeur dans l'univers proposé. Je ne demande pas le détail d'un Tolkien ou l'inventivité de Damasio, mais quand même. Ici on a plus l'impression que l'univers sert de décor mais un décor inexploité. Qu'il y ait des elfes, trolls ou mages ne change RIEN! On remplacera facilement les races par des traits de caractère ou de physique et les mages... ne foutent rien ni ne servent à rien. Et ce manque cruel de profondeur amène au deuxième défaut majeur: on voit les pages, c'est à dire qu'on a pas cette immersion imaginative qui est celle recherchée lorsqu'on ouvre un bouquin. On sent que nos personnages sont faits de mots et de papiers.
Et tient en parlant de mots on peut en toucher deux à propos du style de l'auteur et de sa gestion de l'intrigue. De ce côté là c'est assez simple pour ma part. On a une intrigue peu fouillé, vraiment peu. Bon en 200 pages on ne pouvait pas attendre moult rebondissements mais tout de même... On va plus ou moins en ligne droite vers une conclusion assez molle et attendue. Néanmoins on est pas dans quelque chose d'assez mauvais pour nous faire lâcher le bouquin et le livre se lit sans un trop grand déplaisir (à quelques exceptions près). Les interactions entre les protagonistes sont elles aussi assez superficielles et manquent de la profondeur dont je vous rabat les oreilles depuis le début, amitié, demi-amour, prudence, rien de complexe, rien de tortueux, rien d'humain.
Mais cela s'explique aussi par un style qui, sans être mauvais loin de là, n'a rien de flamboyant. On se lasse de lire toujours les mêmes mots, mots que l'ont aurait pu retrouver dans le livre d'à côté. La syntaxe et le vocabulaire sont maigres mais encore une fois ne basculent pas du côté du médiocre.
Si il y a un gros problème dans l'écriture c'est la construction du personnage principal, James. Le type est banal comme son prénom mais il fait tout pour nous faire croire le contraire! C'est à dire qu'en tant que narrateur le bougre peut nous raconter à peu près ce qu'il veut. Et là il ne va pas lésiner pour vous convaincre qu'il est un fieffé gredin qui n'obéit qu'à lui même et qui est un vagabond dans l'âme , sans attaches ni nation. Vous le sentez le bon gros mec relou là? Parce que j'adore ce type de personnage, vraiment, la vitalité et le mouvement sont deux choses qui me fascinent chez un Caracole (Cf: La Horde du contrevent); mais ici on n'a pas l'expression en acte de cette vitalité, jamais, on a juste ce personnage qui n'a de cesse de répéter qu'il est comme-ci, comme-ça, etc... Agaçant au possible! Si le contexte, les actions, les interactions, nous faisaient accepter que nous sommes face à un authentique vagabond, alors pourquoi pas! Mais ici nous avons juste un narrateur qui appuie avec lourdeur sur ses propres caractéristiques, jusqu'au pathétique.
Alors, me direz-vous, pourquoi je dis que ce livre n'est pas si mauvais, qu'il se laisse bien lire, pour ensuite le descendre comme un salaud? Bon d'abord parce que je suis un salaud et que j'aime appuyer sur ce qui est mauvais. Mais aussi parce qu'il y a peu de bon là dedans si ce n'est que "ça se laisse lire". C'est un livre à la fois ennuyant et divertissant, selon la posture que vous adoptez, lecteur assidu de fantasy ou lecteur de gare. Si vous voulez lire le même genre de roman mais avec un style alléchant et un univers fouillé et authentique, allez lire Les Salauds gentilshommes de Scott Lynch, là ça vaut le détour (au moins pour le premier tome).
PS: En revanche la couverture est agréable à l'oeil, c'est en partie la cause de mon achat... On ne mettra jamais assez en garde contre la séduction des images...
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Créée
le 12 févr. 2016
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