This would not have a happy ending. So Ender decided he'd rather not be the unhappiest at the end.

Dans un futur un peu lointain, l'humanité s'est fait botter les fesses par une race extraterrestres et un brin insectoïde nommée affectueusement "les doryphores". Force est de constater que les repousser se fit sous le sceau de la chance et que depuis, la petite Terre songe avec effroi que les doryphores n'en ont peut-être pas eu pour leur argent et souhaitent avidement revenir. Pour les en empêcher, il faut à tout prix former Ender, un gamin de six ans, dernier-né d'une fratrie de surdoués.

Avec en toile de fond l'aspect jusqu'au-boutiste d'une politique visant à tous les sacrifices - et surtout, tant qu'à faire, sa brave jeunesse - pour vaincre l'ennemi, prétexte militarisant au possible, on pouvait attendre un roman virant au Starship Trooper, pour le meilleur comme le pire. D'emblée, le sérieux du récit peut effrayer quant à la qualité de sa réflexion : va-t-on nous expliquer comment des militaires éclairés peuvent mener à bien leur mission quand le public n'a pas le pouvoir de les en empêcher ? Non. essentiellement parce que ce roman passe froidement sous sa loupe le petit Ender, vieilli avant l'heure mais enfant malgré tout, forcé par des adultes indifférents mais attentifs, à sauver le monde. À devenir le monstre nécessaire pour repousser infatigablement les assauts d'extraterrestres lointains, fantomatiques mais effrayants. Donc non, ce n'est pas un roman anticipant les errements de la politique post-nine-eleven, mais plutôt la construction implacable et inhumaine, détruisant minutieusement la psyché d'un enfant, du commandant idéal dans un contexte donné. Finalement, c'est bien plus un récit sur l'horreur de la guerre, par un angle plutôt inédit. Parce que finalement, que reste-t-il à la fin ? Un enfant et quelques vilains cauchemars. Et plusieurs milliards d'êtres humains qui respirent encore...

Je passe malheureusement sous silence le style de l'auteur, très minutieux dans la description scrupuleuse de la psychologie d'Ender, avec, en vis-à-vis, les deux autres membres de la fratrie, décortiqués avec intelligence pour dresser un trio aussi glauque que fascinant qui se trouve, selon moi, au coeur de ce roman. Cela permet d'atténuer la rapidité avec laquelle l'auteur passe parfois sur des détails de son univers, autant que par les ellipses qui, si elles permettent d'accélérer le roman pour l'empêcher de s'enfoncer dans le quotidien, rompent un peu - à mon sens - la structure même de l'intrigue. Malgré tout, il en demeure une pertinente réflexion sur l'art martial et la guerre, avec - comble de bonheur - une fin à la hauteur du récit, concluant d'une manière aussi glaciale que subtile l'histoire de ce petit garçon qui devait devenir un génocidaire.
0eil
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le 10 févr. 2012

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